Je ne sais pas vous, mais j’adore lire des interviews de voyageurs, de personnes qui ont franchi le pas et qui se sont lancées. Et lorsqu’on apprend une langue, c’est pour la pratiquer, et pour cela, rien de tel que les voyages.

Comme je reçois beaucoup d’emails de lecteurs du blog ou d’utilisateurs de l’application MosaLingua, et certaines personnes me parlent de leurs projets, de leurs difficultés ou de leurs astuces d’apprentissage. J’ai donc décidé de lancer une nouvelle rubrique sur ce blog, et cette fois-ci, c’est vous qui avez la parole !

Bonjour Lorenzo, pourrais-tu te présenter et nous expliquer pourquoi tu vis maintenant au Chili ?

portrait-de-mosauser--la-famille-blin-au-chili-mosalinguaJe m’appelle Lorenzo BLIN, je suis professeur de mathématiques. Après 8 années à enseigner en France, j’ai postulé au sein de L’A.E.F.E. (l’agence pour l’enseignement français à l’étranger) pour pouvoir enseigner dans un lycée français dans un autre pays. J’ai déposé une trentaine de dossiers dans le monde entier et j’ai été retenu sur quelques postes. Je me suis donc installé au Chili au mois de juillet dernier, avec ma femme et mes deux enfants et j’enseigne au lycée franco-chilien de Santiago. Je dois rester ici au moins 3 ans avant de pouvoir repartir pour un autre pays. C’est un projet de famille et l’apprentissage d’une langue est pour nous un des objectifs principaux. J’avais, et je crois que j’ai toujours à cœur d’effacer cette sensation que j’ai depuis toujours : “je n’ai pas de facilité pour les langues”


Pourquoi c’était si important pour vous et votre famille d’apprendre une langue ?
Cela faisait quelques années que nous avions pour projet (rêve?) de partir vivre à l’étranger. En plus de l’envie de vivre une autre expérience, de connaitre une autre culture, l’apprentissage d’une langue était un des objectifs principaux. Ma femme, dans son parcours universitaire, est passée par un DEUG (L1 et L2) d’anglais et n’avait pas de difficultés particulières avec les langues. Mais ce n’était pas mon cas. J’ai toujours eu une envie de bien parler une autre langue. Mes études de mathématiques ne m’ont pas permis de suivre un apprentissage poussé et de toute façon, j’ai toujours eu l’impression de ne pas avoir d’aptitudes particulières pour les langues. J’avais donc un problème à régler, qui passait, selon moi par un séjour prolongé dans un autre pays.

Super projet ! Je sais que beaucoup de personnes aimeraient faire pareil, mais peu de personnes passent à l’acte. Pourtant, j’ai rencontré pas mal de familles qui ont franchi le pas, et qui ne le regrettent pas !

Sinon,  comment trouves-tu le Chili ? Quelles sont les différences qui t’ont le plus frappé ?

Le chili est un pays magnifique, avec des paysages à couper le souffle. 4300 km de long pour 120 km de large en moyenne, du désert au nord, aux glaces de l’Antarctique.

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C’est un pays vraiment atypique. Les Chiliens sont des gens très sympathiques. On est toujours bien accueilli. Par contre, on peut leur reprocher de ne pas savoir dire non et donc de préférer ne pas respecter leurs engagements plutôt que de dire que cela n’est pas possible, et ceci même dans le monde professionnel. C’est très déroutant au début.

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Ils ont une histoire récente douloureuse avec la dictature et cela reste un sujet assez sensible. C’est le pays le plus riche d’Amérique latine, mais qui reste très inégalitaire en particulier du côté de la santé et de l’éducation. Il y a depuis un an, des manifestations fréquentes d’une partie de la population et en particulier des étudiants.

Les Chiliens adorent les enfants, et sont d’une manière générale, très “famille”. La ville de Santiago est très facile à vivre pour des Européens. Le climat est très agréable (méditerranéen) . La pollution, qui semble importante (certains jours, on ne voit pas les montagnes qui entourent la ville) n’est pas dérangeante au quotidien. L’été dure 6 mois et même lorsqu’il fait chaud dans la journée, le matin et le soir restent relativement frais. Le coût de la vie a augmenté ces dernières années et bien que le logement ne soit pas comparable à des grandes capitales européennes, beaucoup de produits sont plus chers (matériel technique, livre…)

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Concernant la langue : les Chiliens parlent très vite, “mangent” la moitié des mots, ne prononcent presque pas les S, ont beaucoup d’expressions et de vocabulaires propres au Chili. Eux-mêmes trouvent que les Chiliens parlent très mal. Les Espagnols ont parfois du mal à les comprendre! Ce n’est pas le pays à conseiller pour apprendre à parler un bel espagnol. D’un autre côté, lorsqu’on est capable de comprendre les Chiliens, je pense que l’on est capable de comprendre tous les peuples hispanophones.


Oui, je confirme moi aussi je trouve l’accent Chilien vraiment dure à comprendre. Les autres pays d’Amérique latine ont des accents beaucoup plus faciles.

 


Au fait, comment as-tu appris l’espagnol ? Comment as-tu complété ton apprentissage ?

J’ai commencé l’espagnol à l’école. J’ai suivi des cours de la 4e à la 1re. J’étais un élève moyen en espagnol et je n’avais pas l’impression de pouvoir dire grand-chose à l’oral. Je me débrouillais à l’écrit. C’était il y a 15 ans environ et mon niveau en espagnol me semblait, il y a encore un an, faible. Ne sachant pas dans quel pays je pouvais me retrouver, j’ai travaillé mon anglais, en discutant les midis avec un ami professeur d’anglais.

portrait-de-mosauser--la-famille-blin-au-chili-mosalinguaLorsque j’ai appris que je partais pour le Chili, je me suis mis rapidement à l’espagnol. Mais, n’ayant pas beaucoup de temps à accorder à cet apprentissage (j’ai deux enfants en bas âge et mon emploi du temps était assez chargé), j’ai cherché une application pour mon smartphone, afin de pouvoir pratiquer dès que j’avais un petit temps libre. Je cherchais aussi une solution miracle à ma mémoire que je trouvais de plus en plus défaillante. MosaLingua espagnol a été pour moi d’un grand secours. Cette application répondait exactement à mes deux besoins : une utilisation simple et pratique, pouvant être utilisée sur des temps très courts (10 minutes de temps en temps) et un travail de mémorisation quotidienne. Je l’utilise depuis presque un an. J’en suis à 3200 mots et j’ai l’impression d’arriver au bout, car l’application ne me propose que les phrases des dialogues. Quoi qu’il en soit je continue quotidiennement à l’utiliser. J’ai complété cet apprentissage avec la méthode Assimil depuis environ deux mois. Je fais environ une leçon tous les deux jours et en attendant de pouvoir rajouter des fiches dans MosaLingua, j’ai téléchargé une autre application me permettant de rentrer des nouvelles expressions et du vocabulaire que je trouve dans les leçons de la méthode Assimil. Mais cela est moins pratique, car cette application ne me fait pas réviser les fiches que je connais mal. C’est à moi de les regarder. Je lis aussi les news en espagnol tous les matins en prenant mon petit déjeuner. J’essaie de lire des livres en espagnol (j’en suis à mon deuxième) évidemment, tout cela est beaucoup plus motivant lorsque l’on est dans un pays où l’on peut pratiquer la langue. Mais, j’ai besoin de faire tout ce travail, car je ne suis pas en immersion totale étant donné que je suis avec ma famille qui parle français et que je parle français dans mon travail. Les Chiliens parlent très vite, “avalent” la moitié de chaque mot, ont leur propre vocabulaire, c’est d’ailleurs pour cela que j’ai impérativement besoin de créer de nouvelles fiches et que je “harcèle” Sam par mail.

 

Hehe, oui, pouvoir créer ses cartes dans MosaLingua est notre priorité. J’ai commencé à bosser dessus, mais le problème avec iOS 5.1 a retardé la sortie de cette fonctionnalité. On prévoit aussi de rajouter de nouveau mots.

 

Et sinon, tu as quelques conseils d’apprentissage à partager ?

Que dire? Il faut avant tout une grande envie, car c’est un travail de fourmi. Pour ma part, je me mettais des petits objectifs à atteindre concernant le nombre de mots à connaitre: “avant mercredi, je dois atteindre le 500e mot..etc”.  Je fonctionne un peu comme ça, mais ce n’est peut-être pas le cas de tous le monde. En lisant des livres, on est parfois surpris du nombre de mots que l’on ne connait pas, alors que l’on vient d’atteindre, fièrement, notre 2000ème mot, mais au final, on s’aperçoit que cette base nous permet quasiment à chaque fois de comprendre le sens et d’avancer, donc il ne faut pas se décourager.  Je me suis souvent retrouvé avec 500 fiches à revoir, voir plus. (j’ai eu un passage à vide lors de l’installation et la reprise quasi immédiate du travail). Cela se rattrape assez vite. Il vaut mieux privilégier des séries de 10 fiches minimum lorsque l’on a un peu plus de temps. Cela permet de solliciter un peu plus la mémoire que seulement 5 fiches. Cette application a un côté un peu addictif, et je crois qu’il faut s’y laisser aller, car il n’y a pas de risque d’overdose. Attendre quelqu’un (ma femme 😉 ne me gêne plus du tout, car je sais que je vais pouvoir en profiter pour réviser mes fiches. J’exagère à peine.

De très bons conseils, merci. Effectivement, c’est bien de se fixer des mini-objectifs facilement réalisables. C’est comme franchir une montagne, il vaut mieux se concentrer sur chaque pas, se féliciter pour chaque petite étape, plutôt que de se focaliser sur un sommet qui parait inatteignable.

Bon, pour toi, et ta femme, ca a l’air d’aller, mais vos enfants, ils s’adaptent bien ?

Nos enfants s’adaptent bien. Notre petite de 2 ans est en train d’apprendre en même temps le français et l’espagnol. Quant à notre fils de 6 ans, cela a été un peu plus déroutant pour lui au début. Il a été frustré que cela ne soit pas aussi rapide que ce qu’on lui avait dit. Cela fait 8 mois que nous sommes au Chili, et il commence, tout doucement, à se débrouiller. Il faut dire qu’il est dans une école française, bien que 80% des enfants soient chiliens, et qu’à la maison nous ne leur parlons pas espagnol. C’est un choix que nous avons fait pour la raison suivante : nous sommes leurs référents de la langue française et nous pensons qu’il faut que cela soit des natifs qui soient leurs référents de la langue espagnole. Nous n’avons pas envie qu’ils reproduisent notre accent et nos erreurs de langage.  Pendant les vacances d’été (juillet, février), au lieu de lui donner des cours d’espagnol, nous l’avons inscrit dans des ateliers artistiques les matins. Il se retrouvait ainsi en immersion totale. Cela lui a fait du bien et à commence, à débloquer un peu ses difficultés.

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Un dernier mot ?

Notre expérience est pour l’instant une vraie réussite et, malgré mon envie de progresser encore plus en espagnol, j’ai atteint un niveau qui  me permet de me débrouiller dans toutes les situations et de commencer à plaisanter avec les chiliens. Cela met évidemment un peu plus de temps que si j’étais moi-même en immersion totale. Je viens avec ma famille et nous parlons français à la maison. Ayant des enfants en bas âges, nous ne sortons pas tous les soirs et je parle en français dans mon travail. Néanmoins les progrès sont là et MosaLingua m’a véritablement accompagné dans cette progression.

Merci beaucoup Lorenzo d’avoir pris le temps de nous partager ton expérience. Si cela vous a plu, n’hésitez pas à le dire dans les commentaires ou avec les boutons de partages, je préparerais d’autres interviews.