Le japonais est l’une des langues les plus apprises en France et son succès ne se dément pas. Notre pays est le deuxième marché du manga derrière l’Archipel, et la Japan Expo attire chaque année plus de 200 000 visiteurs. De cette japanophilie découle un intérêt tout naturel pour la langue japonaise, forte de plus de 120 millions de locuteurs. Chez de nombreux apprenants, ce projet est cependant rarement couronné de succès… Pour cause : les différences très importantes qui existent entre nos deux langues. Vous souhaitez apprendre le japonais ? Dans cet article, vous trouverez nos 6 grands conseils pour apprendre le japonais facilement.

Apprendre le japonais facilement

Pourquoi est-il difficile d’apprendre japonais ?

Aucune parenté avec les langues européennes

Le japonais appartient à la petite famille des langues japoniques, formée du japonais proprement dit et des langues ryukyu, parlées dans un archipel s’étirant entre le sud du Japon et Taïwan. Si une parenté a été proposée avec le coréen et les langues altaïques (turc, mongol…), on considère généralement que les langues japoniques forment un isolat linguistique. Autrement dit, le japonais ne ressemble à aucune autre langue, malgré un riche apport lexical en provenance du chinois.

Si vous avez été habitué aux langues européennes (langues romanes comme le français, l’italien ou l’espagnol, voire langues germaniques comme l’anglais ou l’allemand), l’apprentissage du japonais vous plongera dans un dépaysement total. Oubliez tout ce que vous pensiez connaître sur les langues étrangères !

Une structure très différente de celle du français

Toujours dans cet ordre d’idée, la phrase japonaise est très différente de la phrase française. Alors que nous raisonnons en sujet – verbe – objet (SVO), les Japonais utilisent l’ordre sujet – objet – verbe (SOV). En d’autres termes, le sujet se retrouve à la fin de la phrase. Par exemple, « je mange une pomme » se dira en japonais 私は林檎を食べます (watashi wa ringo o tabemasu), soit « je pomme mange« .

Ensuite, là où le sujet est essentiel en français, il est souvent omis en japonais. Ainsi, toujours pour « je mange une pomme« , il sera plus courant de dire 林檎を食べます (ringo o tabemasu), soit simple « pomme mange« . En effet, le japonais est une langue hautement contextuelle, qui ne comporte aucun genre (féminin ou masculin), pas de pluriel et qui ne possède que deux temps grammaticaux (passé et présent-futur). Lorsqu’un Japonais s’exprime, il n’est pas toujours facile pour un Français de savoir précisément de quoi il parle.

Trois systèmes d’écriture

Si des langues comme le russe ou le grec vous effraient avec leur alphabet différent du nôtre, accrochez-vous car le japonais comporte non pas un, mais trois systèmes d’écriture.

  • Les kanjis (漢字), dérivés de l’écriture chinoise (kanji signifiant « caractère de l’ethnie han »). Il en existe plusieurs milliers et il est nécessaire d’en connaître par cœur un certain nombre pour pouvoir lire et écrire le japonais. Par dérivation, les kanji ont donné deux syllabaires, les hiraganas et les katakanas.
  • Les hiraganas (ひらがな) servent à noter la grammaire du japonais (terminaisons, postpositions…) et les mots pour lesquels il n’existe pas de kanji.
  • Les katakanas (カタカナ) sont utilisés pour transcrire les noms étrangers, les onomatopées et les termes scientifiques.

Rappelons que les kanas (hiraganas et katakanas) sont des syllabaires : contrairement à un alphabet (latin, grec, cyrillique…), chaque caractère sert à noter une syllabe entière et pas seulement une voyelle ou une consonne.

Enfin, le japonais utilise ponctuellement l’alphabet latin, appelé localement rōmaji (ローマ字) ainsi que les chiffres arabes (アラビア数字, Arabia sūji). Il est donc possible de retrouver jusqu’à cinq systèmes d’écriture dans une seule et même phrase !

Nos 6 astuces pour apprendre le japonais facilement

Maintenant que nous avons passé en revue les principales difficultés que présente le japonais pour un francophone, respirons un bon coup. Avec de la motivation et une bonne méthode, aucune langue n’est réellement plus compliquée qu’une autre. Du coup, découvrez ci-dessous nos conseils pour apprendre le japonais facilement en partant sur de bonnes bases.

1) Changer de regard sur la grammaire et la syntaxe

On l’a vu, la manière de penser japonaise est très différente de la nôtre et il faut donc s’adapter à des éléments qui nous apparaissent comme des bizarreries : adjectifs qui se « conjuguent », verbe être qui n’en est pas vraiment un (です, desu), niveaux de politesse… C’est seulement en cessant de vous accrocher à la phrase française que vous commencerez à comprendre la grammaire japonaise, qui n’est pas spécialement complexe de mon point de vue. Bref, acceptez de changer de lunettes et vous y verrez plus clair.

2) Apprendre l’écriture dès que possible, par étapes

Il peut être tentant de repousser l’échéance et de se contenter de la transcription en alphabet latin, mais ce serait à mon avis une grave erreur. En effet, selon moi, une langue s’apprend avec son écriture, et le japonais ne fait pas exception. Je vous recommande donc de mémoriser les hiraganas le plus tôt possible pour pouvoir vous passer de la transcription, au lieu de la traîner comme un boulet par la suite. Une fois les hiraganas bien assimilés, enchaînez sur les katakanas, dont l’apprentissage me semble moins urgent mais tout aussi important.

Il est ensuite temps d’apprendre les kanjis. Faites-le à votre rythme, avec un logiciel de répétition espacée comme Anki (en attendant MosaLingua Japonais), qui propose des paquets de cartes mémoire très bien faits. Votre premier objectif sera de vous familiariser avec les caractères, de les tracer correctement et de commencer à les reconnaître dans des textes. Ne vous embarrassez pas avec les lectures (prononciations) dans un premier temps, vous ne les retiendrez pas si vous n’en avez pas besoin.

Peu à peu, lire et écrire des kanjis deviendra naturel et vous les verrez comme une aide précieuse et non plus comme un obstacle. Le japonais comprend de nombreux mots homophones (se prononçant de la même manière), la seule transcription en hiraganas vous semblera alors insuffisante.
Plus tard, vous remarquerez qu’à chaque caractère correspond plusieurs prononciations différentes et qu’il pourrait être utile de les connaître pour savoir comment se prononcent les mots inconnus. C’est à ce moment que l’apprentissage des lectures (prononciations des kanjis) deviendra pertinent.

3) Etre rigoureux à l’oral

La majorité des sons du japonais ne posent aucun problème aux francophones. D’après mon expérience, les Japonais ont beaucoup plus de mal à prononcer le français que nous en avons à prononcer le japonais. Ne tombez pas pour autant dans l’arrogance : le japonais est selon moi une langue à la prononciation faussement facile, car truffée de subtilités.

Contrairement à ce qu’on entend souvent, le r ne se prononce pas simplement comme un l, mais comme un intermédiaire entre le r et le l, il existe des voyelles courtes et des longues, et des consonnes simples et doubles, le j ne se prononce pas de la même façon selon qu’il est au début ou à l’intérieur d’un mot… Bref, ces fines nuances ne doivent pas être prises par-dessus la jambe si vous souhaitez acquérir une prononciation parfaite du japonais.

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4) S’immerger dans la culture nippone

Vu l’attrait qu’exerce la culture japonaise en France, il n’est pas difficile de trouver un support correspondant à vos goûts : mangas, animés, dramas, films, romans, jeux vidéo… Nul besoin de prendre l’avion pour se sentir comme à Tokyo !

Un avertissement cependant : les personnages des mangas et animes shōnen (Dragon Ball, Naruto, One Piece…) ont tendance à s’exprimer de manière informelle, voire un peu vulgaire. Veillez donc à ne pas reproduire ce langage tel quel, surtout dans des situations où la politesse est de rigueur (travail, entretien…). Sinon, vous produirez en gros le même effet qu’une personne apprenant l’anglais, et essayant de s’exprimer comme un rappeur de la côte ouest.

Si vous souhaitez suivre l’actualité japonaise en attendant d’avoir un niveau suffisant pour lire la presse, je vous conseille NHK Web Easy, qui s’adresse aux apprenants étrangers, avec pour chaque texte un enregistrement audio et des définitions très claires.

5) Etre actif : discuter avec des Japonais

Pour bien apprendre une langue, il est impératif de l’utiliser de manière active dès le début de son apprentissage. Cette remarque vaut bien sûr pour le japonais, je vous recommande donc de trouver un correspondant avec qui échanger régulièrement à l’oral comme à l’écrit, sur des services comme HelloTalk ou italki.

Les Japonais étant très francophiles, vous n’aurez pas de difficulté à trouver une personne prête à vous enseigner sa langue en échange d’un peu d’aide en français. Faites simplement attention si votre interlocuteur vit au Japon : il y a sept heures de décalage entre nos deux pays (huit en hiver), trouver un créneau arrangeant les deux parties pourra s’avérer délicat.

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6) Prévoir un voyage au Japon ?

Rappelons-le encore une fois, il n’y a pas besoin de vivre dans un pays pour en apprendre la langue. Cela dit, la perspective d’un voyage au Japon pourrait agir comme un excellent levier de motivation.

Achetez votre billet, réservez votre hôtel et fixez-vous comme objectif d’atteindre le meilleur niveau possible d’ici votre départ. Ainsi, vous aurez une bonne raison d’apprendre le japonais et ce projet restera aussi concret qu’enthousiasmant pour vous. Une fois sur place, vous devriez réaliser rapidement des progrès, car rares sont les habitants de l’Archipel à maîtriser une langue étrangère. Vous serez donc forcé de vous exercer à l’oral !

Paré à apprendre le japonais facilement et efficacement ?

En conclusion, le japonais n’est pas beaucoup plus difficile que n’importe quelle autre langue. Il suffit de prendre en compte ses spécificités et de travailler dessus de manière rigoureuse. En étant sérieux et régulier dans votre apprentissage, vous finirez par parler couramment japonais.

Si vous aussi vous apprenez le japonais, n’hésitez pas à nous faire part de votre expérience. Nous réfléchissons à une application MosaLingua spécifique au japonais, dites-nous si cette initiative vous intéresse ! Et pour aller plus loin, nous vous conseillons ces autres articles susceptibles de vous intéresser :

A propos de l’auteur

Cet article a été écrit par Pierre Blanchon, un blogueur polyglotte passionné, entre autres, par la langue et culture japonaise.