Avant même la naissance de mon fils aîné, j’avais pris la ferme décision de lui apprendre trois langues. Ce n’était pas un choix facile. Voyant moi-même les avantages à être bilingue, j’étais persuadé qu’il était possible d’élever un enfant bilingue. Cependant, ma femme et moi craignions que le fait d’introduire trois langues dès le début serait excessif. Dans cet article, je vous partage mon expérience jusqu’à aujourd’hui, et je vous donne les meilleures stratégies pour élever des enfants bilingues (ou trilingues).
Pourquoi élever des enfants bilingues ?
Pour beaucoup de gens, c’est évident… Mais comme il est très important d’avoir une forte motivation pour élever un enfant bilingue, j’ai pensé que ce serait une bonne idée de vous mettre une courte liste. Les avantages sont finalement les mêmes que pour un adulte :
- les enfants bilingues sont plus ouverts
- les bilingues ont tendance à développer un meilleur contrôle des fonctions cognitives du cerveau
- être bilingue vous rend plus intelligent
- les gens qui parlent plusieurs langues ont de meilleures chances de trouver un bon travail et d’être payé plus
- les bilingues prennent de meilleures décisions et évitent les distractions,
et nous verrons d’autres avantages au cours de cet article.
Élever un enfant bilingue : l’expérience avec mon fils
Pour bien vous exposer le sujet, je voulais partager avec vous l’expérience avec mon fils. Je vous en parle dans la vidéo ci-dessous, et l’article qui suit. La vidéo est en anglais mais vous pouvez activer les sous-titres, voire réduire la vitesse de diffusion, en cliquant sur l’engrenage en bas à droite.
Une expérience à tenter ?
Jusqu’à ses deux ans, le personnel de la crèche où allait mon fils était plutôt inquiet quant à ses compétences langagières. Par rapport aux autres enfants dans la salle, il ne parlait pas beaucoup, son vocabulaire était très peu développé et, alors que ses camarades construisaient déjà des phrases, il était encore en train de faire des groupes de mots comme « Papa, lit » au lieu de dire « Papa est dans le lit« . J’ai dû les rassurer plusieurs fois en leur affirmant que ce petit retard est tout à fait normal pour un enfant trilingue.
Je le savais grâce aux
- nombreux livres lus sur le sujet,
- conversations avec des personnes éduquées dans une famille bilingue,
- astuces des professionnels que j’avais lues,
- fantastiques progrès que j’ai pu observer durant les deux premières années de la vie de Noa.
Aujourd’hui, au moment de préparer cet article et vidéo, Noa est parfaitement trilingue à bientôt trois ans. Il peut construire des phrases assez longues, il comprend les instructions complexes et il est capable de passer du français à l’italien ou au roumain et inversement, sans la moindre difficulté.
Je voulais du coup évoquer ce sujet car il faut savoir qu’élever un enfant plurilingue n’est pas toujours facile. Si vous choisissez de suivre cette voie, il y aura des obstacles et des difficultés tout au long du chemin. Mais ça vaut le coup, et votre enfant vous remerciera sûrement plus tard. Je suis donc très heureux de pouvoir partager ce que j’ai appris sur le sujet en lisant de nombreux livres et articles, en discutant avec d’autres enfants et parents bilingues, et de par ma propre expérience.
Mes astuces pour élever un enfant bilingue
1. Soyez clair sur vos objectifs
Afin de faciliter le processus, à la fois pour vous, votre conjoint et votre enfant, vous avez besoin de savoir ce qui vous motive et quels sont vos objectifs. Pour ma part, il était tout simplement inconcevable que mon fils ne parle pas italien, qui est non seulement ma langue maternelle mais aussi une langue qui signifie beaucoup pour moi. En effet, je l’associe à ma famille, la pays dans lequel j’ai grandi, un culture que j’aime beaucoup… J’aimerais donc qu’il ait un lien réel avec l’Italie et que cette culture soit l’une des siennes. Je suis donc très motivé. L’êtes-vous ?
Vous avez également besoin d’avoir des objectifs précis :
- voulez-vous que votre enfant soit complètement bilingue/trilingue ?
- qu’il ait une bonne maîtrise de la langue (pas comme les locuteurs natifs mais qu’il puisse communiquer) ?
- ou qu’il connaisse seulement les phrases et les mots de base de la langue ?
Vos réponses à ces questions changeront la méthode d’approche utilisée et vous devrez alors fournir plus ou moins d’efforts. Pour ma part, c’est simple : je veux qu’il parle italien comme un locuteur natif et qu’il ait une maîtrise parfaite de la langue.
2. Choisissez une stratégie précise pour élever un enfant bilingue
Il existe beaucoup de méthodes différentes pour élever un enfant bilingue ou trilingue. Dans mon cas, j’ai choisi la méthode populaire OPOL, abréviation pour One Parent-One Language (Un Parent – Une Langue). Cette méthode est basée sur une règle plutôt simple : chaque parent doit toujours parler une langue différente de l’autre parent. Dans notre cas, je parle toujours dans ma langue natale, l’italien, alors que ma femme parle uniquement roumain, sa langue maternelle, avec lui. L’objectif ici est d’aider votre enfant à associer la langue avec le parent concerné. Il saura ainsi quelle langue parler avec quel parent. Dans le cas de mon fils Noa, ce lien est très fort. Non seulement, il utilise toujours l’italien pour me parler, mais quand il souhaite apprendre un nouveau mot, il me demande « Come dice papà? » qui signifie « Comment papa dit cela ? » Et il fait la même chose avec la langue de sa mère.
3. Ne faites aucun compromis sur la stratégie choisie même si c’est difficile ou effrayant !
Ma situation est un peu plus compliquée que la plupart des familles bilingues. Depuis que nous vivons en France, l’un des inconvénients de la méthode OPOL (One Parent-One Language) est qu’il est difficile de maintenir cette règle en-dehors de la maison. J’ai remarqué que certaines personnes n’aiment pas quand d’autres personnes emploient une langue qu’ils ne comprennent pas devant eux. On est alors tenté de faire une exception pour ces personnes-là. Je souhaite tellement que mon enfant parle parfaitement italien que j’ignore cette pression sociale et utilise l’italien, même devant d’autres personnes.
Les gens peuvent aussi vous faire peur avec des conseils indésirables, ce qui arrive fréquemment. Les enseignants, les médecins, les amis et les proches peuvent ne pas comprendre ce que vous faites et vous font douter de vous-mêmes. Plus encore, lorsque votre enfant semble différent des autres. Prenez l’exemple du personnel de crèche qui soulignait sans cesse que mon fils n’avait pas les mêmes compétences langagières que les autres enfants. Mon conseil est de ne pas les écouter. Prenez seulement en compte l’avis de professionnels. Si vous avez des doutes, lisez le plus de livres et d’articles possible sur le sujet, et vous verrez que ce que beaucoup de professionnels et de parents affirment est encourageant. Donc, maintenez-vous à votre choix et n’abandonnez pas ! Vous savez ce qui est le mieux pour votre enfant.
4. Exposez un maximum votre enfant à la langue minoritaire
Afin d’expliquer cette astuce, laissez-moi d’abord définir la notion de langue minoritaire.
Qu’est-ce qu’une langue minoritaire ?
Adam Beck, auteur du livre « Maximize Your Child’s Bilingual Ability” est Américain. Il est marié avec une Japonaise et vit au Japon. Dans ce cas-là, il est évident que l’anglais pourrait facilement devenir la langue minoritaire pour son enfant car le japonais n’est pas seulement utilisé par sa femme (et les femmes passent généralement plus de temps avec leurs enfants) mais c’est aussi la langue employée en-dehors de la maison. Dans le livre, Beck explique qu’il a dû faire de nombreux efforts pour exposer ses enfants à la langue anglaise pour qu’ils soient bilingues. Ceci est une astuce clé : ne faites pas l’erreur de penser que parce que les enfants sont des éponges, ils vont automatiquement apprendre (ou vouloir parler) la langue minoritaire. Beaucoup de professionnels affirment que les enfants ont besoin d’être exposés à la langue au moins 20 % de leur temps éveillé, soit 15 heures par semaine.
Je vous conseille deux choses :
- commencer le plus tôt possible (même lorsque le bébé est encore dans le ventre de sa mère)
- passer le plus possible du temps de qualité avec vos enfants.
Dans mon cas, même si je passe moins de temps avec mon fils que ma femme, je m’assure de lui lire des histoires en italien tous les jours, nous parlons et jouons ensemble au moins une heure par jour, et je lui consacre tous mes week-ends.
5. Donnez envie à votre enfant de devenir bilingue / trilingue
C’est probablement l’astuce la plus précieuse que je peux vous donner : si vous souhaitez que votre enfant devienne bilingue, assurez-vous qu’il le veuille. Voici quelques exemples.
Un enfant peut vouloir parler la langue minoritaire pour
- communiquer avec ses grand-parents,
- avoir une sorte de langage secret à partager avec ses parents,
- apprendre une super langue parce que vous lui avez montré les aspects les plus joyeux de la langue,
- se sentir spécial par rapport à ses copains.
Peu importe que ce soit un argument émotionnel ou rationnel, il est important de créer et de nourrir ce souhait de parler plusieurs langues.
Quatre méthodes différentes pour élever un enfant bilingue
Dans la vidéo, je vous ai présenté seulement une des quatre méthodes possibles pour élever des enfants bilingues. Il est maintenant temps de « plonger » dans le sujet et de découvrir toutes les méthodes possibles. Ceci vous aidera, je l’espère, à choisir celle qui correspond le mieux à votre situation.
1. One Parent-One Language (OPOL) : Un Parent-Une Langue
Comme expliqué dans la vidéo, la principale règle est de toujours s’adresser à l’enfant dans une langue différente de l’autre parent. C’est la méthode que j’ai choisie et que je recommande à tous. Ses avantages sont :
- C’est clair comme de l’eau de roche pour l’enfant
- Vous pouvez facilement la mettre en pratique (notamment si chaque parent parle/enseigne sa langue maternelle)
- L’enfant est très exposé aux langues, surtout si les deux parents passe chacun à peu près autant de temps avec lui.
En ce qui concerne les inconvénients de la méthode OPOL, nous pouvons dire que :
- Il peut être difficile de toujours respecter les règles de cette méthode, notamment à l’extérieur de la maison (certaines personnes n’aiment pas quand vous parlez une langue différente devant eux).
- La langue minoritaire risque d’être peu parlée à cause du manque d’exposition à celle-ci : c’est souvent le cas de la langue du père, qui est souvent moins présent à la maison, notamment dans les premières années de vie (même si les choses changent plus tard). Cependant, si les parents s’investissent et exposent leur enfant à la langue pendant au moins 15 heures par semaine (c’est mieux si c’est plus), alors ce risque sera évité.
Comment gérer une conversation en famille avec la méthode OPOL ?
L’une des questions qu’on me pose souvent est « comment faites-vous pour discuter tous ensemble avec la méthode OPOL ? » La meilleure solution que j’ai trouvé est de passer d’une langue à l’autre : je commence à parler italien avec mon fils, qui me répond en italien. Il demande ensuite quelque chose en roumain à sa mère et elle continue en roumain. Si elle a besoin de me dire quelque chose, elle continue en roumain, langue que je comprends et parle, mais ma réponse sera en italien. Ainsi les enfants passent d’une langue à l’autre en se basant sur la personne avec laquelle ils parlent et les parents maintiennent la règle un parent = une langue.
2. Minority Language at Home (ML@H) : La langue minoritaire à la maison
Dans ce cas, les deux parents parlent uniquement la langue minoritaire à la maison. C’est une option souvent utilisée par deux parents qui parlent la même langue maternelle. Par exemple, deux parents espagnols qui vivent au Royaume-Uni peuvent choisir de toujours utiliser l’espagnol à la maison et d’utiliser l’anglais en public. Si les parents sont bilingues, ils ont tendance à employer la langue minoritaire à la maison.
J’ai envisagé cette option quand nous pensions exposer notre fils à l’italien seulement. Ma femme parle parfaitement italien, il aurait donc été facile pour nos enfants d’associer l’italien avec la maison. Mais cette méthode semble compliquée à mettre en place pour des enfants trilingues.
Les avantages de cette méthode :
- les enfants sont beaucoup exposés à la langue minoritaire (car ils passent beaucoup de temps à la maison)
- si vous avez plusieurs enfants, cette règle peut être utilisée par les frères et sœurs pour passer d’une langue à l’autre en fonction du lieu où ils sont. En fait, j’envisageais d’employer cette règle quand Noa aura un frère (très bientôt) : au lieu de les laisser choisir la langue (sûrement le français), je leur dirai de parler italien à la maison et français dehors.
Les principaux inconvénients de cette approche sont :
- elle ne peut pas être appliquée si l’un des parents ne parle pas la langue majoritaire (il/elle sera obligé(e) d’utiliser la langue minoritaire même en-dehors de la maison),
- l’association une langue = un lieu est peut-être moins efficace qu’une langue = un parent,
- pour certains enfants, parler à leurs parents dans deux langues différentes peut être parfois étrange.
Néanmoins, selon Margaret Deuchar, auteur de “Bilingual Acquisition: Theoretical Implications of a Case Study”, les enfants seraient tout à fait capables d’utiliser un lieu à la place d’une personne pour choisir la langue qu’ils vont employer. Et ils n’ont pas de difficultés à parler différentes langues à la même personne selon le contexte.
3. Time and Place (T&P) : Temps et Lieu
Il existe une autre méthode qui s’appelle « Time and Place » (ou « Temps et Lieu »). Cela consiste à utiliser des langues différentes à différents moments et dans des lieux différents. C’est un peu un mélange entre les deux approches précédentes. Une famille peut par exemple utiliser a méthode « One Parent-One Language » pendant la semaine, puis employer la méthode « Minority Language at Home » le week-end.
Les avantages :
- ça ajoute plus de diversité et de flexibilité dans une famille bilingue
- ça évite d’être embarrassé en public pendant les week-ends lorsque la famille est entourée de personnes qui parlent une langue différente (ex : des amis qui rendent visite à la famille, des proches qui reçoivent la famille, etc.)
Le principal inconvénient :
- ça peut être déroutant, notamment au tout début : j’ai pu remarqué avec mon fils qu’il avait besoin d’un cadre précis et que l’ambiguïté pouvait le perturber. C’est pourquoi je n’aime pas beaucoup cette méthode. C’est un gros inconvénient mais, comme d’habitude, le mieux reste d’essayer pour être certain. Néanmoins, je ne l’ai pas choisi non plus car ça me semble trop risqué.
4. Mixed Language Policy (MLP) : stratégie des langues mixtes
Dans ce cas, les parents ont tendance à utiliser la langue qui convient le mieux au sujet ou à la situation. C’est souvent celui qui parle qui décide de la langue à employer selon la situation. Ainsi, vos enfants pourront choisir de parler à l’école dans la langue majoritaire (car ils apprennent dans cette langue) et d’utiliser la langue minoritaire pour les sujets liés à la famille.
Pour moi, c’est fier votre projet de bilinguisme ou trilinguisme aux aléas et à la chance. Et il est évident que c’est risqué pour la langue minoritaire. Si vous êtes comme moi, et qu’il est important pour vous d’élever un enfant bilingue ou trilingue, je vous conseille d’éviter cette approche comme étant la principale. Car il y a trop d’inconvénients par rapport aux avantages.
Quelle stratégie choisir pour élever votre enfant bilingue ?
Il existe donc plusieurs méthodes pour élever un enfant multilingue, et vous pouvez avoir envie de choisir la meilleure pour vous vous, selon la situation dans laquelle vous êtes. Sans reprendre tous les scénarios possibles, laissez-moi vous donner mes recommandations pour les deux plus communs :
- les parents partagent la même langue maternelle, vivent à l’étranger et veulent que leur enfant soit bilingue (ex : deux expatriés Italiens qui vivent aux Etats-Unis). Dans ce cas, l’une des trois premières approches énumérées ci-dessus peuvent marcher car il y a moins de risques pour la langue minoritaire. Je recommanderais cependant les méthodes « One Parent-One Language« , surtout pour les futurs enfants trilingues ou « Minority Language at Home« .
- les parents ne partagent pas la même langue maternelle, vivent dans le pays d’un des parents et souhaitent que leur enfant soit bilingue (ex : un couple mixte français-italien qui vivent en France) : je choisirais l’approche « One Parent-One Language » sans hésiter. La langue parlée dans le pays et par l’un des parents sera alors très utilisée. Il y a donc besoin de « protéger » la langue minoritaire parlée par l’autre parent.
Je sais que ce n’est pas un choix facile et chaque cas est différent. Si vous avez des doutes, je pense que la méthode OPOL est le choix le plus sûr (applicable n’importe quand).
Mélanger différentes stratégies : un exemple intéressant
Dans tous les cas, vous pouvez aussi mélanger ces approches selon vos besoins. Un membre de notre équipe en donne un bon exemple. En plus de notre co-fondateur, nous avons un autre Samuel à MosaLingua qui est britannique mais vit en Roumanie. Il a adopté la méthode populaire OPOL et parle ainsi français avec ses fils (car il a vécu longtemps en France) tandis que sa femme leur parle anglais (elle est roumaine mais parle parfaitement anglais).
Cependant, quand ils se sont aperçus que leurs fils avaient peur de s’adresser à eux en roumain (la langue ici majoritaire), ils ont décidé d’introduire la méthode « Time and Place« . Dans la salle de bain, le soir quand les enfants prennent leur bain, tout le monde parle roumain. De plus, comme Samuel aime beaucoup les langues, il utilise la méthode « Mixed Language Policy » pour que ses enfants apprennent l’espagnol. Ainsi, lorsqu’ils jouent à certains jeux comme Uno, tout le monde parle espagnol. Lui-même me dit que non seulement ça marche, mais c’est aussi très amusant ! Donc, pour résumer, Samuel utilise:
- La méthode OPOL comme méthode principale,
- « Time and Place » le soir afin d’aider ses enfants à comprendre qu’ils peuvent utiliser la langue majoritaire avec leur parents,
- et la méthode « Mixed Language Policy » pour leur apprendre un peu d’espagnol en jouant.
Comment élever un enfant bilingue dans une maison monolingue ?
Alors que je lisais le livre « Raising a Bilingual Child » (que je recommande vivement), j’étais plutôt surpris de découvrir que beaucoup de parents voulaient élever des enfants bilingues dans un environnement monolingue. Élever un enfant bilingue en tant que locuteur non-natif peut sembler être une idée farfelue mais beaucoup de gens apprennent une langue qui n’est pas leur langue maternelle à leurs enfants. Je me rappelle d’une situation où un Australien avait étudié en Allemagne pendant un an. Il avait ensuite décidé d’enseigner les deux langues (anglais et allemand) à son fils. Je dois avouer que je l’admire. Je sais combien il serait difficile pour moi de parler une langue qui n’est ni ma langue maternelle, ni la langue du pays dans lequel je vis avec mon enfant (comme l’espagnol par exemple).
Ceci dit, je connais quelques familles qui ont essayé cette approche avec succès, notamment en Roumanie où parler anglais à la maison comme deuxième langue devient très tendance. Même dans le livre mentionné ci-dessus, l’auteure Barbara Zurer Pearson rapporte beaucoup de cas de réussites.
Bien sûr, voici quelques pré-requis pour suivre cette voie :
- vous devez avoir une bonne maîtrise de la langue que vous souhaitez enseigner à vos enfants. Je dirais qu’un niveau intermédiaire est primordial pour ne pas vous sentir limité ou frustré quand vous utilisez la langue.
- vous devez être très motivé car n’étant pas votre langue maternelle, vous pouvez abandonner le projet d’élever des enfants bilingues
- votre enfant doit comprendre pourquoi vous faites cela. Préparez-vous à certaines questions !
Outre ces trois conditions, je pense qu’enseigner une langue supplémentaire à votre enfant est l’un des meilleurs cadeaux que vous puissiez lui offrir. Donc, si vous hésitez, je vous encourage fortement d’essayer.
Les meilleurs livres à lire sur le sujet
J’ai lu de nombreux livres sur ce sujet fascinant, et je pense qu’il serait utile de vous partager mes préférés. Ils sont en anglais (et listés par ordre de préférence).
- Raising a Bilingual Child, Barbara Zurer Pearson
- Maximize Your Child’s Bilingual Ability: Ideas and inspiration for even greater success and joy raising bilingual kids par Adam Beck
- Be Bilingual – Practical Ideas for Multilingual Families par Annika Bourgogne
- The Bilingual Edge: Why, When, and How to Teach Your Child a Second Language par Harper Perennial
- 7 Steps to Raising a Bilingual Child par Naomi Steiner
Si vous connaissez suffisamment l’anglais et ne souhaitez en lire qu’un, alors « Raising a Bilingual Child » est le meilleur. En fait, certaines idées partagées dans cet article viennent de ce livre (comme les quatre stratégies/méthodes). J’ai aimé le fait que ça incluait beaucoup d’histoires réelles de personnes qui ont essayé, échoué (oui, ça peut arriver) et réussi. Ce sont de bons trucs à savoir.
Conclusion
Elever un enfant bilingue est un voyage extraordinaire et passionnant. Enseigner une langue ou plus à votre enfant est l’un des plus beaux cadeaux que vous pouvez lui offrir. Je vous encourage donc vivement à le faire. Il y aura des obstacles et des défis mais si vous n’oubliez pas le but final, vous pouvez le faire.
J’ai encore beaucoup de choses à dire sur le sujet… Et bien que l’article soit assez long, vous vous posez peut-être des questions. Dans ce cas, n’hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous. Je serais heureux de partager davantage de mon expérience et de mes connaissances sur l’éducation d’enfants bilingues.
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Bonjour Luca et merci pour cet article de qualité,
Professeur d’anglais et passionnée de langues vivantes, je ne suis « que » francophone de naissance. J’attends un bébé, que j’élèverai seule. Je souhaite lui transmettre la langue anglaise et si possible l’amour des langues et des phonèmes divers (polonais, russe, arabe) très tôt, afin qu’il puisse les maîtriser par la suite.
Pour les langues autres que l’anglais, je compte simplement le mettre en contact avec les films et musiques que j’écouterai en VO et avec mes amis étrangers lorsque nous parlons leur langue maternelle.
Ma famille parle bien anglais pour des Français mais cela ne nous vient pas naturellement entre nous. Je pensais donc réserver l’anglais à une journée spéciale (samedi après-midi par exemple) ou à un moment de la journée (tous les soirs par exemple).
Qu’en pensez-vous ? Je suis preneuse de tous vos conseils et d’un ou deux livres que je pourrai trouver sur le sujet.
Bonjour Cécile, merci pour votre commentaire.
Dans votre situation, l’idéal serait de toujours parler en anglais avec votre enfant, mais je comprends que cela puisse être difficile. En effet, votre enfant apprendra la langue française à l’école.
Une alternative à considérer serait d’adopter la stratégie du « Time & Place » que vous mentionnez, en réservant une journée spéciale à l’anglais. Cependant, je me demande si cela serait suffisant.
J’ai discuté de cette question avec mon collègue Samuel W., qui est en train d’initier ses propres enfants à plusieurs langues, et nous sommes tous les deux d’accord sur le fait que vous pourriez envisager de consacrer certains jours de la semaine ou une partie de la journée à l’anglais. Peu importe la méthode que vous choisirez, il est essentiel de bien définir la règle pour l’enfant, afin que cela ne devienne pas trop compliqué pour lui.
En ce qui concerne l’exposition à d’autres langues, nous ne pouvons pas affirmer avec certitude si cela aidera votre enfant à maîtriser les phonèmes qui n’existent pas en français et en anglais, mais cela pourrait certainement contribuer à développer une certaine familiarité et un intérêt pour d’autres langues.
Je vous souhaite tout le bonheur du monde avec votre enfant et une excellente continuation !
Bonsoir,
Je suis française et mon compagnon italien.
Nous vivons à Rome avec notre petite fille de 9 mois.
Pour l’instant, elle est chez ses grand-parents maternels la journée (en attendant de la mettre dans une crèche trilingue français-italien-anglais l’année prochaine) et du coup elle entend beaucoup plus parler italien que français. On passe beaucoup de temps ensemble et je ne lui parle qu’en Français, je lui chante des comptines françaises, on regarde les dessins animés en français, je lui lis des livres en Français et on appelle mes parents deux fois par jour pour qu’elle entende parler français le plus possible. Mais avec son père on parle surtout italien à la maison (il parle très peu français) et la plupart de nos amis qui ont des enfants ne parlent qu’italien, du coup j’ai peur qu’elle ne soit pas assez immergée dans la langue française. Qu’est-ce que je pourrais faire de plus ? Merci de tes conseils !
Bonjour Marie,
En termes d’exposition, je pense que c’est très bien. Il faudra juste appliquer strictement la méthode OPOL et lui parler toujours en français (même devant ton compagnon – à la limite en disant les phrases en français et puis en italien si nécessaire pour lui). Quand elle commencera à parler et interagir, elle devra intégrer cette règle (maman = français, papa : italien). Il faudra être stricte et si elle s’adresse à sa maman en italien, tu devrais répondre quelque chose comme « OK, tu voulais dire que… » et lui répondre et plus tard même dire quelque chose du style « Tu sais qu’avec maman il vaut mieux parler en français… tu peux me le dire en français, STP ? ».
Mais je pense que tu es sur la bonne voie.
Bonne continuation et à bientôt !
Bonjour Luca,
Merci pour l’excellent article!
Je suis bulgare et mon mari est français qui ne parle/comprend pas le bulgare. Nous habitons en France. Et donc la langue en famille est le français.
J’ai deux garçons: le plus grand a 6 ans et demi et le petit a 2 ans et demi.
Au début j’ai beaucoup parlé en bulgare à mon grand garçon avec pour but de lui permettre de devenir bilingue et pouvoir échanger avec ses grands parents. Mais suite à ma charge de travail, j’ai commencé ne pas faire attention (il était dur de swicher entre les 2 langues) et donc j’ai mélangé de moins en moins les 2 langues. Résultat: le grand comprend beaucoup de choses et sait dire quelques phrases en bulgare. Le petit comprend pas beaucoup et il parle pas bcp encore en français, mais je doute qu’il parlera en bulgare.
J’essaie de trouver un moyen pour remédier à tout cela. Sachant que les conversations avec les grand parents en Bulgarie par Skype sont difficiles pour plusieurs raisons et je ne peux pas compter dessus. J’ai vraiment besoin de vos conseils:
– Je trouve qu’OPOL est la meilleure solution, mais je ne peux pas vraiment l’appliquer et exclure des conversations mon mari, alors que les enfants discutent beaucoup avec lui. Quelle est la meilleure solution?
– De plus je me demande est ce que ce n’est pas trop tard? Est ce que c’est raté et comment je peux réparer ceci? Avez vous des idées?
Je vous remercie d’avance,
Iskra
Bonjour Iskra,
Merci pour votre message. Disons que ce n’est pas perdu mais que il sera plus difficile de leur faire parler votre langue maternelle (spécialement pour l’enfant qui a déjà 6 ans). Au niveau général, il faudra leur faire comprendre l’intérêt de parler la langue bulgare et de l’apprendre à la maison (langue assez difficile, ils ont une chance et ça leur ouvre les portes des langues slave et de l’alphabet cyrillique). Ensuite, vous devriez leur parler toujours en bulgare et exiger des réponses en cette langue : je me concentrerai sur le deuxième enfant comme ça le premier pourra participer à vos conversation et apprendre aussi. Donc un OPOL partiel quand le papa ne participe pas aux échanges ou quand ce n’est pas important qu’il comprenne. C’est compliqué je sais et il faut pas s’en vouloir non plus car cela demande une grosse discipline et je connais beaucoup de parent qui se retrouvent dans une situation similaire.
Bon courage !
Bonjour,
Merci pour ces bonnes astuces
Ma femme est Iranienne et parlera le farsi, je suis francophone et je lui parlerai francais.. Dans l’optique où nous souhaitons lui enseigner aussi l’anglais dès le début, suggérez-vous que ma femme et moi même se parlions en anglais devant lui ?
Merci
Daniel
Bonjour Daniel,
Cela me semble une bonne idée : l’enfant comprendra donc que l’anglais est la langue des échanges entre les parents. Mais il faudrai une discipline si la langue du couple est le français.
Ensuite à partir de 3-4 ans, j’introduirais un peu d’enseignement actif de la langue anglaise avec des jeux, des moments de la journée avec des échanges en anglais, des activités pour apprendre du vocabulaire, etc. Vous verrez qu’à 4 ans votre enfant aura une ma^trise extraordinaire du français et du farsi (langue minoritaire et donc à protéger). Du coup, vous serez plus à l’aise pour vous dédier à l’anglais car vous serez rassuré. Si vous vivez dans un pays francophone, vous pourriez aussi appliquer l’OPOL en lui parlant en anglais (encore plus efficace). Il apprendra le français à l’école dans tous les cas.
Bonsoir,
merci pour cet article, très complet et très intéressant.
J’aurai deux questions, si vous le permettez. L’une par rapport à ma situation et l’autre par rapport à vos offres commerciales:
– Pour mon cas, je suis Tuniso-Marocaine (langue maternelle Arabe dialectal marocain – ma mère est marocaine mais a vite appris le tunisien, donc aujourd’hui nous communiquons en tunsien – et en français). Je parle donc les deux dialectes mais spontanément c’est le Tunisien qui me vient d’abord. Par contre mon Arabe littéral est très faible car j’ai reçu une éducation française au sein d’un établissement franàais à l’étranger (de la maternelle au Bac), et aujourd’hui, techniquement mon français est bien meilleur que mon Tunisien, Marocain ou Arabe littéral (que ce soit pour parler du boulot, de mes émotions, etc). Etant mariée à un Français, nous avons une petite fille de trois ans qui parle parfaitement Français et un peu le Tunisien. Depuis qu’elle est née, je lui parle en Tunisien mais pas uniquement puisque le Français est très présent (langue majoritaire) et surtout moi-même il m’arrive très souvent de parler Français car je suis totalement bilingue Toutefois, la question de la langue est toujours dans ma tête, j’essaye de lui parler, je demander à ses grands-parents maternels de lui parler aussi en Tunisien (même s’ils ont parfois le réflexe de lui parler en français car elle parle en français) et c’est donc quelque chose qiu me travaille constamment.. Depuis un mois, nous sommes installés à Londres où la petite est inscrite en crèche bilingue français-anglais…. Voila pour la petite histoire – pas évidente surtout qu’ici il est question de l’Arabe littéral et dialectal .. donc double complication.
– Du coup, je souhaiterai savoir s’il est trop tard pour qu’elle soit bilingue Tunisien-Français. Comment l’alphabétiser à l’Arabe littéral? Comment gérer avec l’anglais (le papa étant par ailleurs parfaitement bilingue en Anglais mais ne s’exprime avec elle qu’en Français). Je suis ouverture pour toute proposition que vous pourriez me faire sur un diagnostic et des conseils personnalisés.
Merci par avance.
Bonjour Jihane,
Merci pour votre commentaire et pour avoir partagé cette expérience. D’abord, je ne dirais pas que c’est trop tard car même si votre fille parle moins et moins bien le tunisien, elle doit quand même le comprendre assez bien car elle a été exposée à cette langue dès sa naissance.
Cedi dit, j’ai le sentiment que vous y tenez beaucoup : à mon sens, il faut donc que vos efforts soient à l’hauteur de vos envies. Le plus simple c’est de ne lui parler qu’un tunisien à partir de maintenant : je ferai ça pendant au moins 6 mois et ensuite je prétendrais qu’elle réponde systématiquement en tunisien. Bien évidemment, quand son papà est présent, le français peut être toléré mais quand votre fille s’adresse à vous ou à vos parents, alors cela doit être en tunisien.
Je sais que mon approche peut vous sembler un peu trop dur, mais c’est à l’hauteur d’un objectif qui n’est pas simple à atteindre. Moi, je n’hésite pas à embêter mon fils quand il me dit quelque chose en français. D’ailleurs, je le reprends très spontanément en répétant ce qu’il vient de dire en français en italien –> voici un échange typique :
Noa : »Papà, aujourd’hui à la cantine j’ai mangé des boulettes de viande ! »
Luca : « Ho capito, vuoi dire che hai mangiato delle polpette di carne oggi alla mensa »
Noa : »Si, ho mangiato le polpette. Erano molto buone! »
L’enfant fait donc un « switch » sans que je lui dise « Noa, tu sais qu’il faut parler en italien avec papa » (je le fais parfois, mais plus besoin maintenant qu’il a presque 4 ans et il a parfaitement intégré le bilinguisme et le trilinguisme).
Pour l’anglais et le français, l’école et son papa s’en chargeront. Pour l’arabe littéral, je l’introduirai vers les 5-6 ans avec des cours spécifiques : je ne suis pas un expert de la langue arabe, mais je sais que le fait de maîtriser una variante dialectale est un aide de taille. Et dans tous les cas, même si elle ne parlera que l’arabe tunisien, ça sera déjà trop.
Sinon, merci pour votre proposition, mais je ne peux pas proposer un tel service.
Bon courage et n’hésitez pas à lire les livres que j’ai mis dans l’article. Cela vous donnera des idées et de la motivation.
Bonjour Luca,
merci pour ce bel article.
Voici ma situation, je suis polonaise et j’ai grandi en Italie, depuis 8 ans maintenant j’habite en France.
Mon mari est français, il comprend un peu d’italien.
Nous avons une petite qui a maintenant 19 mois. Je lui parle 90% en polonais, car c’est pour moi la langue du cœur… cependant tout ce qui est chanson, une bonne partie de livres je le fais en italien… Malheureusement c’est plus difficile chez moi, car nous ne sommes pas vraiment dans une situation OPOL mais OPTL 😀
Je tiens que ma fille apprend l’italien, puisque à la base c’est ma culture, c’est la langue dans laquelle je fais tous mes études et elle m’appartient complètement… cependant ça me viens naturellement de lui parler en polonais.
Mon mari du coup a commencé à comprendre un peu le polonais et en italien il s’est un peu « amélioré », mais comme il n’aime pas les langues et il ne fait pas trop d’efforts à ce sujet, notre langue de communication reste le français… même si je m’adresse en italien plusieurs fois, mais il continue à me dire qu’il ne comprend pas…!!
Ce qui est positif est que la petite comprend dans les trois langues.
Mes objectifs sont clairs, je pense que il y aura moyen d’obtenir quelque-chose de bon même si c’est un peu difficile à cause d’une personne avec des langues…!
Sabina
Bonjour Sabina,
Merci bien pour votre commentaire. Je partage votre état d’esprit par rapport à votre langue maternelle: pour moi cela serait tout simplement inconcevable de ne pas parler avec mes enfants en italien et je veux vraiment qu’ils parlent ma langue maternelle.
En effet, votre situation est un peu plus compliquée mais elle est assez fréquente. Je connais des parents qui enseignent 2 langues à leurs enfants sans avoir l’aide de leur conjoint : cela demande plus d’efforts mais je crois que cela reste possible. Dans votre cas, il faudrait probablement utiliser un peu de TIME & PLACE. Mon collègue Samuel W. utilise cette stratégie pour apprendre à ses enfants un peu d’espagnol en plus de ses langues maternelles (français et anglais). J’essayerais de faire ça et au pire il aura une affection pour la langue italienne et un fort interêt pour cette culture. Puis, s’il fallait choisir entre polonais et italien je miserais sur le polonais car plus simple à apprendre quand on est petit. L’italien pourra toujours être perfectionné plus tard, surtout si on a l’a beaucoup entendu parler par sa maman. 😉 In bocca al lupo!
Merci pour le retour!
Oui, j’avais pensé à mettre en place le TIME & PLACE, et à vrai dire déjà pour tout ce qui est cuisine les échanges se font italien, en cuisinant pour 99% que des plats italiens… 😉
De plus nous habitons pas trop loin de la frontière italienne, donc il y a toujours moyen de s’y rendre assez facilement et mon but est de rencontrer au moins une petite famille italienne avec laquelle interagir (il y en a dans le coin mais jusqu’au aujourd’hui nous nous ne sommes pas encore rencontrés! :D)
Il faut que j’y arrive, et j’y arriverai! Merci pour le soutien et courage à tous les autres parents dans cette situation.
CREPI IL LUPO! 🙂
Bonjour,
Je suis un futur papa. Ma femme est allemande, je suis français, nous vivons en Allemagne et nous communiquons entre nous en anglais car elle ne parle pas français et mon allemand est exécrable.
Nous comptons utiliser OPOL mais je suis inquiet car je ne peux m’adresser à ma femme qu’en anglais qui sera donc une langue très minoritaire qui en plus viendra casser les fondements mêmes de OPOL.
Quelle est la meilleure stratégie à adopter dans ce cas là ?
Merci d’avance
Ryfe
Bonjour Ryfe,
Dans votre cas, je vois deux possibilités :
1) OPOL mais votre femme devrait utiliser l’anglais car l’allemand sera la langue majoritaire quoi qu’il en soit (sauf si vous comptez quitter l’Allemagne pendant les premiers 4-5 ans de vie de l’enfant).
2) OPOL classique avec vos deux langues maternelles : ce n’est pas si grave si vous parlez en anglais entre vous devant l’enfant. L’important est de s’adresser à lui toujours dans la langue choisie. L’inconvénient de la méthode OPOL dans votre cas est que quand votre femme parlera avec l’enfant, vous ne comprendrez pas tout (et viceversa). Mais cela pourrait être l’occasion pour vous deux de vous améliorer respectivement en allemand et français au moins au niveau de la compréhension orale. Et si vous suivez notre blog, vous savez que nous pourrions vous aider 😉
C’est un choix personnel mais à votre place je tenterais l’approche n. 1 car ainsi l’enfant apprendrait 3 langues très utiles !
Bonne fin de journée !
Bonjour Lucas,
Merci beaucoup pour ces précieux conseils.
Bonne continuation.
Ryfe
Bonjour,
j’habite en Chine, mon mari est chinois et c’est notre langue de communication (je suis bilingue et monsieur ne parle pas un mot de français). Nous attendons un bébé pour la fin de l’année et je me pose la question des langues. Si je pense parler à notre enfant en français et mon mari en chinois, vu que nous communiquons en chinois quand l’enfant sera plus grand les discussions familiales se feront donc en chinois. J’ai aussi un peu du mal avec le fait que mon mari ne comprenne pas ce que je dis à notre enfant mais je ne me vois pas passer mon temps à jouer les traductrices… Auriez-vous un conseil ?
Bonjour Anne,
Je comprends tout à fait vos doutes et je dois dire que c’est une situation assez commune. Il est clair que le chinois sera la langue dominante pour l’enfant et qu’il faudra « protéger » la langue minoritaire en exposant l’enfant à la langue française un maximum. L’idéal serait que votre mari apprenne un peu de français (au moins les bases) mais je sais qu’il faut être motivé pour cela donc personnellement je la jouerais comme ça :
– jusqu’à 4-5 ans je m’adresserai à l’enfant uniquement en français, même en présence de son papa
– ensuite je ferai comprendre à l’enfant que devant son papa le chinois est « autorisé » même quand il s’adresse à vous
– je ferais en sorte d’avoir des moments de la journée où le français est la langue à utiliser (le soir, pendant les jeux, etc.)
– si possible j’inscrirais l’enfant dans une école française / bilingue.
Bon courage !
Bonjour,
merci pour cette article et, surtout, pour l’exposé des 4 méthodes. J’ai néanmoins des commentaires et des questions:
1. Parler la langues des personnes qui vous entourent dans les espaces publique n’est pas une pression sociale mais une règle de l’étiquette. Sinon nous allons enseigner à nos enfants à ne pas respecter les gens.
2. De nos jours, la femme passe plus de temps avec l’enfant que jusqu’à l’age de 3 mois. Ensuite tous le monde travaille et l’enfant passe plus de temps à la crêche et à l’ecole, où choisir un personnel parlant la langue minoritaire est un luxe.
3. comment peut-on continuer à parler une langue minoritaire dans les discussions familiales s’il n’y a qu’un des époux qui le parle et comprenne?
4. comment peux un époux représentant la langue minoritaire laisser passer les faute (quand il les remarque) que l’enfant fait dans la langue principale?
Pour conclure, il me semble très difficile de suivre la méthode OPOL, certainement plus efficace, dans certaines configurations.
Bonjour,
Merci à vous pour votre commentaire. Voici mon retour :
1. Je suis d’accord mais jusqu’à un certain point : si l’enfant s’adresse à son parent et il ne parle pas des personnes qui nous entourent alors cela ne me semble pas impoli d’utiliser la langue du parent.
2. Vous avez raison. Mais cela renforce l’idée qu’à la maison (ou en famille) il faut s’efforcer de parler les langues minoritaires.
3. La méthode OPOL a ses limites : dans la situation que vous décrivez il faut en choisir une autre ou bien tolérer le fait que la personne en question ne comprenne pas certaines choses. Ou alors cela est une motivation en plus pour que cette personne apprenne la langue parlé par son enfant.
4. On peut tout à fait corriger une faute dans la langue principale mais à mon sens ce n’est pas prioritaire: on peut laisser l’autre parent ou l’école se charger de ça.
Je suis d’accord avec votre conclusion. Ce n’est pas évident mais heureusement il y a des alternatives qui sont efficaces aussi.
Bonne journée !
merci pour les leçons