De tous les loisirs venus de la culture japonaise, le karaoké figure sans doute parmi des plus curieux pour nous les Français. Pourtant au Japon et depuis les années 90, ce hobby est devenu une véritable institution et une pratique culturelle de masse pour les personnes de tout âge. Plongeons au coeur du phénomène pour tenter de comprendre l’engouement national et voir comment cette pratique fait partie du paysage de la musique japonaise.

Musique japonaise

L’origine du karaoké et son ancrage dans la musique japonaise

Karaoké veut dire littéralement orchestre vide. Il s’agit de la contraction de 空 ‘kara’  qui signifie vide et ‘oke’ qui vient de オーケストラ (ōkesutora), diminutif de l’anglais orchestra. On doit cette invention au musicien Daisuke Inoue en 1971. Mais ce dernier, loin de se douter de l’immense succès de sa machine, ne l’a jamais fait breveter.

À partir des années 80, les karaokés se répandent sur le territoire jusqu’à devenir un commerce présent à chaque coin de rue de l’archipel, puis connaître le succès hors-frontières, principalement en Asie.

Daisuke Inoue Musique japonaise karaoké
Daisuke Inoue, inventeur de la machine à karaoké

 

Le Karaoké, une véritable institution et un loisir de masse

Le succès est tel que l’on compte à ce jour près de 10.000 établissements sur tout l’archipel, disséminés dans les grandes villes comme dans les petits villages. Si vous prévoyez de visiter le Japon, il vous sera désormais impossible de passer à côté des grands néons lumineux dans l’ensemble du pays.

Autre chiffre montrant l’ampleur du phénomène. Selon l’INA, en 2010, le chiffre d’affaires pour l’ensemble de l’industrie du karaoké atteint les 8 milliards d’euros. Un chiffre assez important si on le compare aux 2 milliards d’euros d’entrées réalisés la même année dans les salles de cinéma au Japon.

Comment expliquer le succès des karaokés ?

Pour ceux qui ont déjà eu l’occasion d’aller au karaoké avec des Japonais, vous aurez sans doute pu observer comment ils laissent de côté leur habituelle timidité pour révéler leur talent de chanteur au contact d’un micro. Et à l’évidence, l’alcool joue un rôle prépondérant dans ces moments de désinhibition. En effet, les soirées karaoké peuvent être bien arrosées !

Daisuke Inoue partageait un point de vue intéressant dans un entretien consacré au Time. Selon lui, le karaoké aurait contribué à transformer « le peuple japonais, qui est plutôt timide. Il suffit de donner un microphone à n’importe qui, même à un homme qui a du mal à sortir un discours de mariage, pour qu’il ne s’arrête plus ! »

Y’a t-il un comportement spécifique à adopter au karaoké ?

Il est important d’informer un code de conduite fondamental dans les karaokés. Ceux qui écoutent le ou la chanteuse, l’accompagnent activement. Ils l’encouragent par des applaudissements, des éloges parfois avec même des instruments mis à disposition à ces fins.

Évidemment, il n’est pas question de se moquer. Même face à ceux qu’on peut juger mauvais chanteurs. Au karaoké, on est là pour s’amuser, se relaxer, évacuer le stress de la journée, le lieu permet de se défouler. Aussi, il  fait tomber les barrières et crée du lien entre les participants.

Comment fonctionnent les karaokés ?

Contrairement aux karaokés que l’on trouve communément en France, au Japon, on ne chante pas face à un auditoire composé d’inconnus (expérience qui peut s’avérer traumatique par ailleurs).

Rapidement au Japon, les établissements de karaokés sont devenus des karaokés-box. Il s’agit d’espaces privatifs aménagés de banquettes et équipés de machines karaoké, avec la capacité d’accueillir de 1 à 30 personnes.

L’idée est de créer une ambiance plus intimiste, propice à se laisser-aller et pousser la chansonnette. On y va en famille, entre amis ou avec des collègues de bureau. Pour y passer quelques heures, de jour mais plus souvent de nuit. On y mange, on y boit, l’ambiance y est en général festive.

Dans les karaokés, on y chante de la musique japonaise, mais pas que !

Alors, que chante-t-on dans les karaokés au Japon ? Si on ne connait pas de chansons japonaises, peut-on participer ? La réponse est oui. Le répertoire de musique japonaise est plus dense, mais la pop britannique et américaine, les classiques US et français y ont aussi leur place. Avis aux amateurs de Piaf, Adamo et Aznavour !

Ceci étant dit, apprendre le japonais en musique est excellent pour améliorer sa prononciation. Alors, pourquoi ne pas découvrir la musique japonaise et s’essayer à chanter quelques morceaux ? Il y en a pour tous les goûts ! Et ça tombe bien, c’est ce que je vous propose de découvrir juste ci-dessous.

La musique japonaise dans les grandes lignes

La musique japonaise regroupe tous les genres musicaux produits sur l’archipel depuis les débuts de sa civilisation jusqu’à nos jours. Nous n’allons pas retracer l’histoire de la musique japonaise, mais simplement en donner un bref aperçu.

Dans le paysage musical japonais, on peut distinguer :

  • la musique traditionnelle
  • la musique folklorique
  • la musique actuelle, contemporaine

Les instruments de musique japonaise traditionnels les plus illustres sont le biwa, le koto, et shamisen (instruments à cordes pour les trois) et le taiko (percussion).

musique japonaise et ses instruments traditionnels
Musiciennes et leurs instruments traditionnels japonais

Et enfin, nous avons la musique actuelle, composée des sous-genres suivants :

  • Enka (musique populaire proche de la variété)
  • Hip-hop
  • J-pop
  • le rock japonais ou J-rock
  • et enfin le Visual kei

Depuis la fin des années 1980, le Japon a vu l’essor et la diffusion d’un genre unique. Le Bīzuaru-kei ヴィジュアル系 kei, c’est-à-dire « style visuel » comprend de nombreux genres musicaux. Avec comme point commun les musiciens et leur look exubérant. En effet, les artistes arborent un style recherché à travers les vêtements de scène, les coiffures, le maquillage et l’attitude. Mais un court visionnage d’un clip YouTube vaut bien mieux que des explications.

Une place d’honneur dans le paysage musical japonais va certainement à la musique créée pour les jeux vidéo et les animés. Parmi les bandes sonores les plus célèbres (et les plus appréciées) des jeux vidéo, il convient de mentionner celle de Final Fantasy VI, composée par Nobuo Uematsu en 1994. Également celle de Ghost in the Shell, que j’aime particulièrement.

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