Apprendre les couleurs en japonais est précieux d’un point de vue linguistique et culturel. En effet, il est pratique de connaître les couleurs pour décrire son environnement et les choses qui l’habitent. Et, dans un pays ou la richesse chromatique se déploie au rythme des saisons – le rouge des érables au automne – le rose des sakura au printemps – les couleurs sont une étape importante dans votre apprentissage du vocabulaire japonais.

Les couleurs en japonais

Les couleurs en japonais

Décrire la nature, des objets et des personnes, parler de nos goûts, enrichir notre vocabulaire. Ce ne sont que quelques bonnes raisons pour apprendre les couleurs en japonais.

La plupart des couleurs en japonais se terminent par 色・いろ・iro, suffixe qui justement signifie « couleur ». Dans le vocabulaire courant, les Japonais utilisent les noms de couleurs qui viennent de la langue japonaise originelle. Ils peuvent aussi avoir recours aux mots d’emprunts anglais.

La couleur « bleu », par exemple, peut se dire à la fois 青い (aoi) et ブルー (buruu). Un autre exemple est le rose. Souvent, les Japonais optent volontiers pour le mot ピンク (pinku), plutôt que d’utiliser les termes japonais qui renvoient à la palette du rose allant de 桃色 (momoiro/ couleur pêche) à 桜色 (sakurairo/ couleur sakura) et 躑躅色 tsutsuji-iro (couleur azalée).

La perception des couleurs au Japon

Avant tout chose, il est important de noter qu’à la différence de la langue française, qui désigne les couleurs de façon abstraite, au Japon, elles sont définies par des repères concrets, naturels.

En dehors de quelques exceptions, les couleurs au Japon désignent une réalité naturelle et tangible. Comme mentionné plus haut, le rose est la couleur de la pêche (momo iro), le rose pâle est celle du sakura (sakura iro). Le marron, celle du thé (cha iro) et le noir celle de l’encre (sumi iro).

Quand, dans le vocabulaire courant, les Japonais utilisent plusieurs centaines de mots pour décrire les couleurs, nous n’en utilisons qu’une vingtaine.

Par ailleurs, si la thématique du design et des couleurs au Japon vous intéresse, je ne peux que vous suggérer de vous procurer cette merveille d’ouvrage sur le sujet, Iro : L’essence de la couleur dans le design japonais.

Les couleurs de base en japonais

  • 赤    あか Aka (rouge)
  • 青    あお Ao (bleu/vert)
  • 緑    みどり Midori (vert)
  • 水色 みずいろ Mizuiro (cyan)
  • 黄色 きいろ Kiiro (jaune)
  • 橙色 だいだいいろ/オレンジ Daidaiiro/Orenji (orange)
  • 紫    むらさき Murasaki (violet)
  • 茶色 ちゃいろ Chairo (marron)
  • 鼠色 ねずみいろ/灰色/ はいいろ/グレー nezumiiro/haiiro/ gurē (gris)
  • 白    しろ Shiro (blanc)
  • 黒    くろ Kuro (noir)
  • 桃色 ももいろ/ピンク Momoiro/Pinku
  • 金色 きんいろ Kin’iro (Doré)
  • 銀色 ぎんいろ Gi’niro (Argenté)

Le bleu / vert あお Ao

Première remarque à propos de la couleur あお/Ao qui désigne en japonais à la fois le bleu et le vert. Cela peut piquer notre curiosité quand pour nous, la distinction entre ces deux couleurs est si nette.

Ceci étant dit, avant toute explication, rappelons que les couleurs sont un spectre continu.

Les couleurs en japonais

Les couleurs sont liées les unes aux autres, de manière progressive. Par conséquent, chacun est libre de mettre des repères là où il veut et de nommer la couleur par le nom qu’il veut.

Pour les Japonais, « ao » désigne une couleur entre le vert et le bleu. Ce qui renvoie au cyan, qui est exactement la couleur située à mi-chemin entre le vert et le bleu.

Les mots de couleurs empruntés à l’anglais

L’utilisation de mots anglais pour les couleurs est très courante dans le milieu de la publicité au Japon. On verra utilisé fréquemment ピンク/pinku, ブラック/ burakku, ブルー/burū pour vendre toutes sortes de produits. De manière générale, les Gairaigo (mots d’emprunts étrangers) sont très souvent utilisés en marketing.

L’emploi des couleurs dans la phrase japonaise

Pour parler de couleur dans une phrase en japonais, il existe deux cas de figures. On peut employer la couleur telle quelle, en tant que nom (ou substantif) ou transformer le nom-couleur en adjectif.

Pour celles et ceux qui étudient le japonais, vous avez très probablement vu la différence entre les adjectifs en i et les adjectifs en na. Il faut savoir les différencier pour comprendre comment ils fonctionnent. Pour reconnaître les adjectif en i, rien de plus simple. Il suffit de repérer le い (i) final.

Les adjectifs de couleur en i

Voici la liste des noms de couleurs qui s’emploient comme adjectifs.

Shiroi 白 : blanc
Kuroi 黒 : noir
Akai 赤 : rouge
Aoi 青 : bleu
Kiiroi 黄色 : jaune
Chairoi 茶色 : marron

Afin de les employer comme adjectifs, on les placera juste avant le mot qu’ils déterminent (ou qualifient). Par exemple :

  • あおい海 (うみ) Aoi umi / une mer bleue
  • 茶色いスーツ Chairoi sūtsu / un costume marron

On pourra aussi placer l’adjectif de couleur en i devant l’élément です (desu)

  • 海(うみ)は・あおい・です。Umi wa aoi desu / la mer est bleue

La couleur employée avec la particule の (no)

Toutes les autres couleurs fonctionnent comme des noms invariables qui nécessitent la particule の  pour qualifier un autre nom.

La structure de base d’une phrase dans laquelle vous décrivez des objets à partir de leur couleur est la suivante : couleur + の + déterminé. Par exemple:

  • 紫(むらさき)の靴下(くつした) murasaki no kutsushita / des chaussettes violettes
  • ピンクの箱 (はこ) pinku no hako / une boîte rose

La signification des couleurs dans la culture japonaise

La perception des couleurs est variable selon les pays et les cultures. Par exemple, dans le langage courant en français, le bleu est une couleur, qui évidemment comporte plusieurs nuances (bleu roi, bleu turquoise, bleu ciel) alors qu’en japonais, le mot ‘ao’ ou ‘aoi’ désigne une palette de couleurs qui se situent entre le bleu et le vert.

Le symbolisme des couleurs est aussi un variable important d’un pays à un autre. En fonction de la signification attribuée à une couleur, les gens peuvent éviter de la porter lors d’un certain événement ou, au contraire, se sentir enclins à l’adopter.

En japonais, le symbolisme des couleurs vient en partie des traditions et philosophies traditionnelles chinoises, qui incluent le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme.

Nous sélectionnons ici les 4 couleurs qui ont une portée symbolique importante dans la culture japonaise. Les couleurs représentent les valeurs de la vie, en particulier le blanc, le rouge, le violet et le bleu. Il n’est donc pas étonnant que ces couleurs soient très présentes dans les vêtements, l’architecture et les événements japonais.

La signification du blanc dans la culture japonaise

Le blanc (白・しろ・shiro)

Dans le Shintō (religion indigène japonaise), la couleur blanche représente la pureté absolue, la couleur du divin, celle qui touche au sacré. On la retrouve dans les sanctuaires Shintō et sur le drapeau national. C’est une couleur portée par l’empereur lors de cérémonies religieuses, mais aussi par les prêtres.

En outre, c’est une couleur très importante dans le shintoïsme. Dans les temples shintoïstes, il est courant de trouver la couleur blanche dans le sable, les galets et les décorations utilisées pour honorer la sagesse et la connaissance des dieux. Les empereurs japonais s’habillaient en blanc pour les rituels shintoïstes, et les mariées portaient une robe et un voile blancs pour leur cérémonie de mariage.

Le rouge dans la culture japonaise

Le rouge 赤・あか・aka

Point central du drapeau national japonais, le rouge (赤い) est la couleur du soleil. Le rouge invoque la déesse Amaterasu, qui, selon le mythe fondateur japonais aurait été à l’origine de la création de l’archipel japonais et l’ancêtre de tous les empereurs nippon. Elle symbolise l’autorité, la force et la prospérité.

La couleur rouge est une couleur prédominante dans l’architecture japonaise. Les sanctuaires et les temples sont peints en rouge. En effet, dans la culture japonaise, cette couleur a le pouvoir d’éloigner les mauvais esprits, tout en renforçant le lien entre les humains et les dieux dans les temples shintoïstes. Lors des festivals, on peut voir le rouge recouvrir les tables et une partie du sol, avec des tissus et des coussins de cette couleur.

La couleur bleue dans la culture japonaise

Bleu se dit « ao » en japonais et désigne un spectre allant du bleu au vert.
À la différence de notre indigo, venant de l’arbuste indigotier, le bleu japonais vient d’une plante, appelée “renouée des teinturiers” et originaire de Chine. Ce bleu japonais est découvert par les Européens au 19ème siècle, notamment à travers les estampes.

Le bleu étant le colorant naturel le plus commun pour la création de tissus et de vêtements, il a longtemps été considéré comme une couleur populaire, celui des travailleurs et des étudiants.

Le bleu symbolise également le monde mystique et le surnaturel. C’est pour cela que le théâtre kabuki emploie souvent le bleu pour marquer ses intervenants maléfiques ou ses revenants.

Le violet – Murasaki

À partir du 6ème siècle, influencé par le système confucianiste chinois, le Japon instaure un système de rang social visant à hiérarchiser les fonctionnaires qui servent la cour impériale.

Chaque rang était associé à une couleur particulière qui lui était exclusivement réservée, et interdite à tous les rangs inférieurs. Il était ainsi aisé d’identifier l’appartenance d’un individu à tel ou tel rang. Le ‘murasaki’ (violet-pourpre) correspondait au plus haut niveau.

Le mot de la fin

Pour conclure cet article, remarquons ensemble à quel point l’apprentissage des couleurs en japonais est une fabuleuse porte d’entrée pour découvrir les trésors de culture japonaise. En effet, elles nous montrent comment les Japonais perçoivent le monde et nomment les couleurs. Ce qui nous renvoie aussi à leur sensibilité vis-à vis de la nature qui les entoure.

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