Vous ne savez pas quelle langue apprendre et vous cherchez un idiome original ? Avez-vous pensé au quechua ? Alors non, amis français, le quechua n’est pas un K-way ou une marque de sport. Saviez-vous que le quechua (aussi connu sous le nom de « runa-simi ») est en réalité une famille de langues originaire d’Amérique du Sud ? Aujourd’hui, on compte plus de 8 millions de locuteurs, principalement au Pérou, en Bolivie, en Équateur et dans des pays voisins. Partons à la découverte de la langue quechua ou pour être plus précis : DES langues quechua !
En France et dans certains pays européens, la première chose à laquelle on pense quand on entend le mot « quechua », c’est à la marque de Decathlon spécialisée dans les articles de randonnée et de camping. Quel dommage, n’est-ce pas ? D’autant plus qu’il existe bel et bien un lien entre cette marque et notre famille de langues. En 1997, le créateur de la marque Quechua vient d’escalader le mont Everest et propose au fondateur de Decathlon de créer une unité « montagne ». Il décide alors de nommer sa marque comme le groupe d’autochtones d’Amérique du Sud. Vous savez maintenant ce qu’il vous reste à faire ! Il est temps d’exposer la vérité et de faire en sorte que le mot « quechua » soit associé à sa véritable origine : une civilisation, des langues, des cultures… On compte sur vous ! Le terme natif qui désigne la langue est runa-simi (runa = homme, simi = idiome) donc langage humain. Le quechua est la transcription espagnole du mot qishwa, qui signifie « zone tempérée ». Les langues quechua sont une famille de langues amérindiennes parlées principalement dans la région andine d’Amérique du Sud. Le quechua est une langue officielle en Bolivie, au Pérou et en Équateur. Elle est également parlée dans le sud de la Colombie, le nord-ouest de l’Argentine et le nord du Chili. Le quechua était la langue officielle de l’Empire inca (XIIe-XVIe siècle) et dérive d’une langue pré-inca parlée sur la côte et dans la sierra centrale de l’ancien Pérou avant l’expansion de l’empire. L’Empire inca était l’une des plus grandes et des plus puissantes civilisations de l’Amérique précolombienne. Il s’est rapidement étendu, conquérant les peuples et territoires voisins, les incorporant à son vaste empire. Cela a également entraîné la propagation du quechua. En effet, la langue quechua a joué un rôle crucial dans le développement de l’empire inca. En tant que langue officielle, elle facilitait la communication entre les différents pays annexés, fonctionnant comme une lingua franca. C’est donc dans cet idiome que les événements importants étaient rapportés et que les traditions, l’histoire et les connaissances étaient transmises. Lorsque les Espagnols sont arrivés en Amérique du Sud au XVIe siècle, ils ont également apporté leur langue, obligeant les peuples indigènes à parler espagnol. Les langues quechua – qui s’étaient déjà diversifiées en plusieurs dialectes à la suite de l’expansion inca – étaient considérées comme un obstacle au contrôle et à la conversion au christianisme. Néanmoins, elles n’ont pas succombé et ont même prospéré, en absorbant même un peu d’espagnol. Les communautés indigènes en ont fait un instrument de résistance et d’identité contre le régime colonial. En raison de son ancienneté et de son système d’écriture particulier (qui a perduré au moins jusqu’au milieu du XXe siècle), la langue compte 46 dialectes différents. Ils sont regroupés en deux branches : le quechua I (ou waywash) et le quechua II (ou wanp’una). Cette dernière est divisée en trois sous-branches : A (Yunkay), B (Chinchay) et C (Sud). Dans certains cas, ces dialectes sont tellement éloignés les uns des autres que les locuteurs ne se comprennent pas. Contrairement au français ou à l’anglais, il s’agit d’une langue agglutinante. C’est-à-dire que dans la plupart des cas, un mot est constitué d’une racine avec divers suffixes. Par exemple : Comme vous pouvez le voir, des suffixes sont ajoutés à la fin du mot, qui se transforme en une phrase plus longue. Une autre différence avec le français est l’ordre des mots quand on parle. En français, nous avons sujet + verbe + objet (par exemple « Simone mange du maïs »). En quechua, l’ordre devient sujet + objet + verbe, ou plutôt : Simonmi sarata mikun = « Simone du maïs mange ». Autre particularité, il n’y a pas de diphtongues (donc 2 voyelles ensemble) et seules les voyelles a, i, u sont utilisées. Si vous souhaitez entendre quelques phrases en langue quechua, visionnez cette vidéo YouTube de Wikitongues où l’on entend Luzmila parler le quechua Otavolo : Vous ne le croyez peut-être pas, mais nous utilisons nous aussi très souvent des mots de cette langue dans notre vie quotidienne : des termes comme « quinoa, poncho, lama, puma, alpaga et condor » sont en quechua, le saviez-vous ? Quechua, pas qu’une marque !
La langue quechua
La langue quechua et l’Empire inca
Les caractéristiques des langues quechua
Écouter quelques mots en langue quechua
Mots quechua
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