Le film le garçon et le héron enregistre un démarrage historique au box-office avec déjà plus de deux millions d’entrées en France. Par ses récits enchanteurs et ses talents de conteur, Miyazaki nous embarque encore une fois dans un monde peuplé de créatures ahurissantes. Nul besoin d’être fan de films japonais pour apprécier l’œuvre du maître. On vous explique pourquoi vous devez courir voir Le garçon et le héron au cinéma.

Le garçon et le héron
©Studio Ghibli France

Le garçon et le héron, synopsis du film

Durant la Seconde Guerre mondiale, Mahito perd sa mère dans un incendie. Un an après cette perte brutale et sous l’impulsion du père, le garçon s’installe la campagne avec sa nouvelle belle-mère. C’est le point de départ vers un nouveau monde. Peuplé d’animaux parlant (dont le héron) ainsi que d’une foultitude d’autres créatures sorties de l’imaginaire foisonnant de Hayao Miyazaki.

Le garçon et le héron s’ouvre sur une tragédie réelle, celle dont Hayao Miyazaki a fait l’expérience plus jeune. Les bombardements de Tokyo et les incendies qui ont ravagé la ville en 1945.

Comme souvent, chez Miyazaki, un déménagement survenu dans la vie d’un jeune enfant se fait à la suite d’un grand bouleversement. C’est le cas de Mahito avec la perte de sa mère. Parallèlement, c’est aussi le point de départ vers la découverte d’un monde merveilleux. On pense à Mei et Satsuki de Mon voisin Totoro et leur rencontre avec des divinités de la forêt. Ou même de la jeune Chihiro parachutée dans un au-delà habité par des êtres surnaturels, à la fois cocasses et terrifiants.

Un mot sur l’auteur Hayao Miyazaki, trésor national vivant

Hayao Miyazaki est sans doute la personnalité la plus notable de l’histoire de l’animation.

Né le 5 janvier 1941 à Tokyo, il est réalisateur, producteur, scénariste, écrivain et mangaka japonais. Cofondateur du Studio Ghibli avec Isao Takahata, il obtient une renommée internationale grâce à son talent de conteur et ses récits fantasmagoriques. Au total, on comptabilise 12 longs-métrages signés par le maître.

Car au sein des studios Ghibli, il ne s’agit pas de créer des films au rythme effréné d’autres gros studios de production américaine. Avec, en moyenne, un long-métrage tous les trois ou quatre ans, on ne peut douter de l’exigence artistique et du perfectionnisme du cinéaste. Il admet volontiers qu’il souhaite simplement faire des films intéréssants et ne pas être motivé par le profit.

Si vous voulez voir le maître artisan à l’œuvre et découvrir la fascinante genèse de son travail, je ne peux que vous recommander l’incroyable documentaire « 10 years with Hayao Miyazaki« , disponible sur la chaîne japonaise NHK.

Et pour enrichir son portrait depuis une toute autre perspective, écoutez l’actrice britannique Tilda Swinton évoquer son admiration pour Miyazaki.

Que retrouve-t-on dans le garçon et le héron, le tout dernier film de Miyazaki ?

Si, comme moi, parmi vos films préférés de Miyazaki figurent le voyage de Chihiro, le château ambulant ou même Ponyo sur la falaise, vous allez sans doute adorer le garçon et le héron. Son dernier film le vent se lève offrait une trame narrative réaliste et une esthétique classique. Le garçon et le héron quant à lui, nous plonge dans l’univers foisonnant et magique propre à Miyazaki.

Mais, au fond, qu’est ce qui fait la magie de son œuvre et quels sont les thèmes recurrents de son œuvre ?

Un voyage à travers les contes et le folklore japonais

Même si l’imagination et la créativité de Miyazaki sont incontestables, il faut savoir que le mangaka puise largement son imaginaire dans le folklore japonais. Le plus emblématique est sans doute le voyage de Chihiro et son défilé de créatures surnaturelles, appelées yōkai. Ces entités sont souvent issues du folklore japonais et sont présentées de manière à la fois drôle et inquiétante.

Les kamis sont aussi largement présents dans la filmographie de Miyazaki. »kami » désigne les divinités ou esprits vénérés dans la religion indigène japonaise, le shintô. On note la présente de kami dans pratiquement tous les films. Allant de Princesse Mononoké au voyage de Chihiro en passant par Ponyo.

La présence des kamis offre l’occasion de montrer la complexité de relation des Japonais avec les divinités. Ses films abordent des thèmes plus larges, tels que la relation entre l’humanité et la nature. Les yokai et les kami servent de catalyseurs pour créer des mondes fantastiques et enrichir les récits de manière unique.

Omniprésent, le spirituel est remarquable partout. Jusqu’au fond des océans où vit Ponyo, l’enfant-poisson. Sans oublier le monde parallèle du Voyage de Chihiro. Avec ces thermes où se rassemble toute une galerie de créatures à la fois fascinantes et terrifiantes. On se souvient de ce dieu de la rivière couvert de boue. Celui que Chihiro soulage en le débarrassant des tonnes de détritus dont il était chargé.

Dans Le garçon et le héron, attendez-vous à une dose explosive de créatures fantasmagoriques imprégnées et inspirées du folklore japonais.

La nature et les écosystèmes au cœur présente dans l’œuvre de Miyazaki

Tout comme le spirituel, qui lui est étroitement lié, la nature est omniprésente dans les films de Miyazaki. Accueillante et fascinante comme dans mon voisin Totoro. Elle provoque l’émerveillement de Satsuki et Mei face par exemple, au gigantesque camphrier qui se tient à l’orée du bois jouxtant la maison. La scène du camphrier auquel d’ailleurs, le père des fillettes demande une bénédiction, illustre joliment les manifestations animistes des Japonais.

Mais les sociétés humaines peuvent aussi se montrer destructrices et mûes par la cupidité. C’est le cas dans Princesse Mononoké, où les créatures de la forêt se rebellent contre les projets destructeurs de la compagnie minière menée par dame Eboshi.

Dans Nausicaä de la vallée du vent sorti en 1984, Miyazaki se révèle écologiste avant l’heure avec ce récit qui se déroule dans un environnement post-apocalyptique. En effet, la nature a été dévastée par la guerre et la pollution industrielle. La vallée de Nausicaä est l’un des rares endroits où la nature a survécu. Le film explore les conséquences désastreuses de la destruction de l’environnement par l’homme.

Dans le garçon et le héron, Mahito trouve une sorte de refuge dans la campagne japonaise, loin des tumultes de la ville ravagée par la guerre. Aussi, le récit regorge d’animaux mystérieux et parlants, un véritable bestiaire animal !

Si vous voulez comprendre davantage la question de la nature au sein de l’œuvre de Miyazaki, découvrez l’analyse faite par deux chercheurs dans l’émission la tête au carré de Radio France.

De l’enfance à l’adolescence : les jeunes figures héroïques des films de Miyazaki

Miyazaki place l’enfance et l’adolescence au cœur de sa trame narrative. Car, très souvent, il s’agit de récits initiatiques menés par de jeunes personnages, en grande majorité féminins. On pense encore à Satsuki, Mei, Ponyo, Chihiro, Nausicaa, San, Sophie, parmi tant d’autres. Ces personnages féminins se caractérisent par leur courage, leur bravoure et leur générosité.

Dans le garçon et le héron, Miyazaki met en scène un garçon de 11 ans. Il semble qu’une fois encore, Miyazaki se soit attaché à mettre au cœur de son récit un personnage dans un âge de transition. Un personnage qui agit tel un médiateur qui tente de rétablir un équilibre perdu.

Le mot de la fin à propos du garçon et le héron

J’espère que cet article vous donnera encore plus envie de voir le Garçon et le Héron au cinéma. Japonophile ou non, les films de Miyazaki sont des œuvres puissantes susceptibles de plaire à un très large public. Sans révéler le contenu de l’histoire, j’ai voulu mettre en perspective certaines thématiques chères à Miyazaki. Celles que l’on retrouve dans le Garçon et le Héron.

Et si vous avez déjà vu le film, n’hésitez pas à nous dire en commentaire ce que vous en avez pensé.