Une expérience immersive au Japon est sans doute un bon moyen d’apprendre le japonais facilement. Et si justement, vous êtes y déjà allé, sans doute avez-vous été interpellé par la présence de mots français dans les rues nippones. De quoi parle-t-on aujourd’hui ? De franponais ! On vous explique tout dans cet article.

franponais

Le franponais, c’est quoi ?

Le Franponais est un mot-valise composé des mots “français” et “japonais”, par analogie au mot Franglais ou Frenglish. Mais si le franglais renvoie à un ensemble de mots empruntés à l’anglais et introduits dans la langue française, le franponais désigne quant à lui l’utilisation cocasse, car souvent erronée, de mots français par les Japonais.

Si vous êtes déjà allé au Japon, vous avez forcément remarqué ces tournures en français. Que cela soit dans les magasins, les restaurants ou les noms d’immeuble, les mots français foisonnent à chaque coin de rue. Mais souvent, leur utilisation nous laisse perplexes, voire amusés.

Café de Crié - franponais https://commons.wikimedia.org/wiki/File:CAFE-de-CRIE-1.jpg

En effet, les erreurs et non-sens sont nombreux et prêtent à sourire. Le franponais a recours au français mais avec de fréquentes fautes d’orthographe, erreurs de sens ou de syntaxe. Dans de nombreux cas, l’assemblage de mots semble avoir été fait de manière totalement aléatoire. D’autres fois, ils semblent issus de traduction mot à mot depuis d’autres langues.

Les bizarreries du Franponais

À observer le phénomène de plus près, on peut même dégager 3 grands types de bizarrerie au sein du franponais, tels que :

  • Des pans de phrases entières en guise de nom de boutique,
  • Une orthographe erronée ou des mots qui ne veulent rien dire ensemble,
  • Un mauvais choix de mots. Le mot existe en français mais il est salace ou désigne un terme pas très vendeur. Le restaurant La belle touffe à Tōkyō dans le quartier Edogawabashi en est un bon exemple.

On peut alors légitimement se demander : mais que peut-il bien se passer dans la tête de tous ces fabricants pour opter pour des choix de ce type ? Je me pose sérieusement la question et ne peux m’empêcher d’imaginer, amusée, les réunions de marqueteurs se mettant d’accord sur le choix des mots français pour leurs produits.

Quelques exemples de franponais

Pour illustrer mon propos, rien de mieux que de partager ici quelques pépites du franponais trouvées en flânant dans les rues de Tōkyō.

Exemple de franponais :

  • Champs de herbe (enseigne de cosmétiques)
  • Cafe de reviens (café)
  • Jouir de bijou (magasin de bijoux fantaisies)
  • Purée de fleur (salon de coiffure)
  • Karaoke Pipi (karaoke)
  • Couvenir (boutique de souvenir)
  • Comme ça du mode (enseigne de vêtements)
  • Crèpe de cocorico (magasin de crêpes)
  • Pain de batard (boulangerie)
  • Musée de peau (enseigne de cosmétiques multimarque)

.. et j’en passe !

Au final, même si on peut relever et s’amuser de la négligence des fabricants, il faut savoir que les phrases en français ont avant tout un but décoratif. En bref, le public ciblé n’est pas francophone et rares seront ceux qui repèreront l’erreur.

Si le franponais peut choquer le touriste francophone au premier abord, il peut être parfois aussi amusant de repérer ces « perles », et mener comme une chasse au trésor dans les méandres des grandes villes. C’est d’ailleurs ce que s’est amusé à faire Florent Gorges, dans son anthologie du Franponais. L’auteur y compile en photo toutes ses trouvailles de pépites lexicales. Une plongée hilarante dans l’univers parallèle du franponais.

Le franponais, mais pourquoi existe t-il ?

Mais pourquoi le franponais existe-t-il ? On peut légitimement se poser la question de la raison de ce phénomène.

Au Japon, il est de bon goût d’utiliser des mots français dans des domaines qui renvoient à l’image de la France. Ainsi la mode, la cuisine, la coiffure, la pâtisserie, la décoration intérieure sont les domaines de prédilection du franponais.

Comme évoqué plus haut, le français apparaît surtout à l’écrit sur les enseignes des magasins, les t-shirts, les menus, etc.

Cependant, il faut savoir relativiser le phénomène et admettre qu’on trouve des choses semblables dans d’autres pays. Prenons l’exemple des idéogrammes japonais ou chinois que de nombreuses personnes se sont fait tatouer sur la peau. Parfois, le tatouage a été choisi pour son aspect esthétique et pas pour son sens. Ce qui par ailleurs peut aussi aboutir à quelques cocasseries (marquées à vie !).

Le revers de la médaille : le syndrome de Paris

Mais cette idéalisation excessive de la France a des conséquences qui portent un nom : le syndrome de Paris. Il s’agit d’un phénomène psychologique dont le diagnostic a pour la premiere fois été posé par le psychiatre japonais Hiroaki Ota du centre hospitalier Sainte-Anne, dans les années 1980.

À l’époque, le psychiatre a repéré une décompensation psychiatrique récurrente chez les touristes japonais. Ce syndrome se manifeste par un choc culturel sévère ou un stress causé par la différence entre l’idéalisation de Paris dans les médias japonais et la réalité de la ville une fois sur place.

Les symptômes du syndrome de Paris peuvent inclure des attaques de panique, des hallucinations, des troubles du sommeil, des sentiments d’anxiété intense, voire des délires. Ces symptômes seraient souvent déclenchés par des déceptions liées à des attentes non réalisées, comme l’absence de romantisme ou de glamour perçus dans les films et les médias.

Heureusement, la plupart des cas sont légers et se résolvent d’eux-mêmes une fois que les touristes quittent Paris.

Le mot de la fin

Le franponais n’a désormais plus de secret pour vous. N’hésitez-pas à partager en commentaire ce que vous pensez du franponais ou si vous connaissez des phénomènes similaires dans d’autres parties du globe. Nous sommes toujours friands de ce genre de curiosités !