Les raisons d’apprendre une langue, et les avantages au multilinguisme sont nombreux : la probabilité de se faire plus d’amis, la facilité à voyager… Et s’il existait aussi un avantage économique ? Et si parler une langue étrangère nous permettait de nous enrichir ? Certains auteurs parlent de Retour sur Investissement (ROI) à l’apprentissage d’une nouvelle langue. Même si cette expression ne sonne pas très « jolie » à mes oreilles (car il n’y a pas que l’argent dans la vie, hein), le calcul pourrait être intéressant. Savoir si le fait de parler plusieurs langues nous permettrait réellement d’être plus embauchable qu’un autre, plus séduisant aux yeux des entreprises, voire si cela nous permettrait de toucher un plus gros salaire. Carrière, langues et salaires : quel est le lien ?

Langues et salaires: parlons investissement

Langues et employabilité, ou comment être plus séduisant aux yeux des employeurs

Selon Dominique Virchaux, consultant et président de Korn Ferry, « parler couramment anglais est le minimum requis pour entrer dans un grand groupe« . Le minimum. Nous vous citions aussi il y a quelques mois, le directeur des V.I.E., Michel Lodolo qui disait que « il était plus facile pour une entreprise d’embaucher des diplômés qui maîtrisent déjà parfaitement l’anglais« . Car aujourd’hui, c’est indéniable : les langues étrangères sont un véritable atout sur un C.V. D’autant plus avec l’internationalisation des entreprises. D’ailleurs, de plus en plus d’entreprises françaises communiquent elles-mêmes en anglais avec leurs collaborateurs :

  • soit parce qu’elles relèvent de groupes multinationaux
  • soit parce que l’activité est transnationale… et l’anglais est une langue susceptible d’être connue par tous

Et MosaLingua en est la preuve : pour que des espagnols, des italiens, des portugais, des allemands travaillent ensemble, l’utilisation de l’anglais est plus que nécessaire ! Alors est-ce que le fait de parler anglais, ou toute autre langue étrangère améliore notre employabilité ? La réponse est oui, bien sûr. Mais revenons sur ce terme d’employabilité, avant d’aborder le sujet des langues et salaires.

Définition de l’employabilité

L’employabilité, c’est le fait d’évoluer sur le marché du travail de manière autonome. Ce sont nos qualifications, nos connaissances, notre savoir-faire, notre savoir-être, et ce qui nous différencie des autres employés finalement. Ce terme d’employabilité était justement au cœur d’un projet piloté par la CIEP, et cofinancé par la Commission Européenne en 2014. Projet qui touche directement notre sujet puisqu’il était résumé en deux mots : « Langues et employabilité ».


LEMP – Marie – Directrice commerciale par cieptv

Dans le cadre de ce projet, des enquêtes ont été réalisées auprès de 801 entreprises pour savoir justement si les langues étaient importantes aux yeux des entreprises (qui recrutent). Le résultat de ces enquêtes ? Les langues vivantes seraient un atout pour à la fois le recrutement, les opportunités de carrière et les promotions. Pour vous donner des chiffres* :

langues et employabilité

  • 1 entreprise sur 2 recherche une compétence en langue vivante étrangère chez les candidats au cours du recrutement. A compétences égales, la connaissance d’une langue étrangère fait la différence.
  • Dans 2 offres d’emploi sur 5 : la maîtrise de deux langues étrangères est demandée.
  • Selon la moitié des entreprises, promotion, mobilité et rémunération sont les principaux effets des compétences en langues étrangères dans le milieu du travail.

Et selon le directeur d’une entreprise qui a participé à l’enquête (anonyme) :

« Sans l’anglais, on ne peut pas faire de carrière internationale et en donnant une dimension internationale à sa carrière, on a la possibilité d’obtenir des postes très intéressants, plus élevés dans la hiérarchie, et des salaires plus intéressants. »

Car oui, si le fait de parler une langue étrangère nous permet de trouver un emploi, c’est top ! Mais si cela nous permet en plus de toucher un plus gros salaire, ça devient particulièrement (ou financièrement) intéressant. Luca, co-fondateur de MosaLingua nous avouait justement, dans une récente interview :

« Au début de ma carrière, le fait de connaître les langues m’a énormément aidé : j’ai trouvé mon premier job grâce aux langues, et même ensuite j’ai pu négocier de meilleurs salaires en mettant en avant cette compétence qui, dans certains milieux, vaut de l’or ! »

 

Langues et salaires : les chiffres sur l’intérêt (financier) de parler des langue étrangères

Alors, qu’en est-il ? Pouvons-nous dire qu’apprendre une langue étrangère est un bon investissement ? La question a particulièrement intéressé Robert Lane Greene, journaliste pour The Economist. Dans son article Johnson : what is a foreign language worth?, Robert Lane Greene a essayé de chiffrer le ROI (Retour sur Investissement) de l’apprentissage des langues. On apprend alors qu’un économiste du MIT, Albert Saiz, après plusieurs calculs aurait trouvé 2 %.

Langues et salaires : Parler une langue étrangère, combien cela rapporte ?

2 % serait le bonus annuel gagné par un américain qui parle une langue étrangère. Autrement dit, si cet américain gagnait $30 000 par an, ces 2 % représenteraient 600 $ de bonus. Pas énorme selon l’auteur de l’article… « Pas énorme » peut-être pour certain, mais cela représente tout de même une belle différence. Et ces 2 % de bonus ne seraient qu’une moyenne. Dans les détails :

  • l’espagnol rapporterait 1,5 % de bonus
  • le français (pour un américain), 2,3 % de bonus
  • et l’allemand, 3,8 % de bonus

Mais pour Robert Lane Greene, cela ne suffit pas. Pire, ce chiffre ne représenterait pas la réalité. D’un point de vue strictement économique, le pourcentage serait bien plus intéressant. Car selon l’auteur,

  • un américain tout juste sorti de l’Université peut prétendre à $45 000 (et non $30 000)
  • il faut ajouter à ce salaire de base les 1 % d’augmentation annuelle
  • et un intérêt réel de 2 % sur disons 40 ans

Résultat ? Le gain ne serait pas de $600 par an mais de $67 000 au moment de la retraite. Et encore une fois, il s’agit ici d’une moyenne car, pour reprendre les propos d’Albert Saiz, toutes les langues ne rapportent pas le même bonus… Donc, si un américain choisissait d’apprendre

  • l’espagnol, il gagnerait $51 000 au moment de sa retraite
  • le français, il gagnerait $77 000
  • et l’allemand, $128 000

Non seulement apprendre une langue étrangère est une bonne idée pour trouver un emploi donc, mais ce serait aussi un bon investissement pour toucher un salaire plus intéressant. Et « partir avec une belle retraite ».

langues, carrière et salaire : quel lien ?

Pourquoi apprendre les langues et salaires font bon ménage ?

Oui, pourquoi le fait de parler une langue étrangère nous aiderait à toucher un plus gros salaire ? Et surtout, pourquoi le fait de parler allemand (pour un américain) rapporterait plus que le fait de parler espagnol ? Là, nous avons plusieurs réponses (ou tentatives de réponse, des hypothèses donc).

langues-et-salaires--pourquoi-apprendre-les-langues-fait-gagner-plus-mosalingua

L’aspect économique

Selon Robert Lane Greene, l’Allemagne est une puissance économique mondiale. Donc le fait pour un américain de parler allemand est économiquement plus intéressant (pour les entreprises du moins) que le fait de parler espagnol. D’un point de vue économique, les entreprises américaines seraient en effet plus à même de travailler avec des entreprises allemandes, et donc plus à même de recruter des personnes sachant parler allemand.

La loi de l’offre et de la demande : savoir faire la différence

la loi de l'offre et de la demande dans les langues Plus il y a d’offres, moins la demande est importante. Moins il y a d’offres, plus il y a de demandes. Aux Etats-Unis, les latinos-américains parlant parfaitement espagnol (les bilingues) sont moins rares que ceux qui parlent allemand. Parler allemand est tout simplement une compétence atypique aux yeux des entreprises. Aux Etats-Unis, le bilingue allemand a tendance à gagner plus car le bilingue allemand est rare. C’est un peu comme le safran, le safran est rare donc le safran vaut de l’or. Et le fait de parler une langue étrangère est une compétence qui vaut de l’or : elle vous différencie des autres candidats qui, eux, ne parlent peut-être pas de langue étrangère.

Notre conseil : oubliez l’anglais, apprenez une langue rare si vous voulez toucher un meilleur salaire…

L’anglais est une langue internationale. Pour leurs affaires, et se faire comprendre au cours de leurs affaires, les anglais n’ont pas vraiment de difficulté. Pourtant, il y aurait un intérêt économique à s’intéresser à d’autres langues… Selon une étude de James Foreman-Peck, de la Cardiff Business School, le manque de maîtrise des langues étrangères coûteraient 48 milliards de livres sterling à la Grande Bretagne chaque année. Soit 3,5 % de leur PIB.

L’exportation

Pour être encore plus séduisant (aux yeux des entreprises j’entends), l’idée serait peut-être aussi de s’adapter à la demande. Je m’explique. Les entreprises internationales travaillent avec des entreprises à l’international. Jusque là, nous sommes d’accord. Donc le genre d’entreprises susceptibles de vous engager en tant que multilinguiste serait les entreprises internationales. L’idée intéressante serait d’apprendre une langue grâce à laquelle vous pourriez communiquer avec ces entreprises à l’international. Alors, comment choisir cette langue ? Regardez du côté des pays exportateurs ! Il pourrait en effet être intéressant, et rare à la fois, de parler une langue dont le pays a tendance à l’exportation tels que les pays asiatiques.

Nous savons que sur MosaLingua, beaucoup des utilisateurs apprennent les langues pour le plaisir, les voyages, par curiosité parfois… Et beaucoup l’utilisent aussi pour l’école ou pour le boulot. Car oui, c’est indéniable : apprendre une langue étrangère améliore notre employabilité, et ça vous l’avez déjà bien compris, et apparemment, langues et salaires marchent souvent de pair !

Mais attention : cet article n’a pas pour vocation de vous soumettre l’idée d’apprendre une nouvelle langue pour gagner plus ! Je suis du genre à penser que l’argent n’est pas un objectif ni une motivation. Mais savoir que le fait d’apprendre une ou plusieurs langues étrangères pourrait nous amener à toucher un plus gros salaire est intéressant (je ne suis pas hypocrite non plus ;).

Pour aller plus loin sur le sujet des langues et salaires :