Apprendre la prononciation en chinois est un passage délicat pour les débutants qui apprennent à parler chinois. Alors comment faire pour que cette étape soit la plus douce possible et pour que votre motivation reste au beau fixe ? Voici sept astuces pour vous aider à franchir ce cap et à apprécier votre apprentissage.

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Prononciation chinois : nos 7 astuces pour parler comme un natif

Si la prononciation en chinois est sûrement l’aspect le plus difficile pour un francophone, le but est de parler avec un accent le plus compréhensible possible. En outre, le fait qu’il existe plusieurs accents et que le vocabulaire change un peu aussi en fonction de là où on se trouve, dû à une variété de peuples habitant le même pays, accentue cette difficulté. Même les Chinois peuvent avoir du mal à se comprendre entre eux. Cependant, ne vous inquiétez pas, le mandarin ou zhōng wén est parlé un peu partout en Chine aujourd’hui.

Travailler la prononciation chinois

Penser que c’est possible

Le premier obstacle que vous pouvez avoir devant vous, c’est… vous-même. Peut-être que vous vous dites que c’est impossible, ou trop difficile, ou que vous n’y arriverez jamais. Sauf que c’est tout le contraire. Toute langue peut être correctement apprise, avec de la motivation, une certaine discipline et de la régularité. Il suffit d’avoir les bonnes méthodes !

Perdre son accent français

Les Français, en général, sont plutôt fiers de leur accent et refusent de le travailler, soit par flegmatisme, soit parce qu’ils le trouvent charmant. Disons-le tout de suite, un fort accent n’est jamais vraiment compréhensible. Lorsque j’étais étudiante, j’ai rencontré des étrangers de tout horizon : Canada, Belgique, Maroc, Chine, Colombie, Singapour… Tous avaient leur propre accent, mais je me souviens d’un Vietnamien que j’avais toujours du mal à comprendre quand il parlait français jusqu’au jour où je me suis habituée à son accent particulier. Ce n’était pas voulu, ce n’était pas de la mauvaise volonté de ma part, mais son accent était tellement fort qu’il était vraiment incompréhensible pour moi et beaucoup d’autres.

Donc, si un petit accent est toujours agréable à entendre, et il est possible que vous ne le perdiez pas complètement même si vous habitez dans le pays depuis 25 ans, il faut toutefois le travailler pour parler de façon compréhensible. C’est-à-dire avec le moins d’accent possible. Certains d’entre vous arriveront même à parler de façon à ce qu’un natif ne fasse aucune différence entre vous, un étranger, et quelqu’un de son propre pays. Tout le monde peut arriver à avoir un bon accent, il suffit de le travailler.

Bien connaître les sons pour une bonne prononciation chinois

Les tons

La principale difficulté en chinois réside dans sa difficulté à le prononcer pour les francophones. En effet, le français est une langue assez neutre au niveau de la tonalité alors que le mandarin compte quatre tons, plus un ton neutre. Beaucoup de syllabes comportent des tons différents et veulent dire par conséquent des choses différentes. L’exemple le plus fréquent que vous retrouverez partout est avec la syllabe ma :

  • 妈 mā – dans 妈妈 (maman) : le premier ton est un ton haut, plat et continu.
  • 麻 má – lin : le deuxième ton est un ton montant, comme lorsqu’on pose une question en français.
  • 马 mǎ- cheval : le troisième ton descend d’abord dans les graves, puis remonte dans les aigus. Vous pouvez prononcer une voyelle longue au début pour vous aider (ma-a).
  • 骂 mà – dans 咒骂 (injurier) : le quatrième ton est un ton descendant, sec et bref. Il ressemble à l’intonation que l’on prend pour donner un ordre.
  • 吗 ma – que, quoi ? : enfin, le « cinquième » ton est un ton plutôt neutre.

Voici un schéma qui pourra vous aider à visualiser la prononciation en chinois de ces différents tons :

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Source : Chine Informations

Les syllabes

De plus, il existe des sons qu’on ne rencontre pas en français. Il est essentiel de s’entraîner à les prononcer, par exemple grâce à la technique du shadowing (ou imitation). Vous pouvez aussi trouver un correspondant avec qui parler qui pourra vous corriger et vous parler en mandarin. Plus vous écouterez la langue, plus vous capterez les nuances de la langue et mieux vous saurez la prononcer.

Un avantage pour vous, c’est qu’il n’y a pas tant de syllabes qu’en français. Il existe plusieurs milliers de syllabes en français, alors qu’il n’en existe que quelques centaines (environ 400) en mandarin. Ce qui facilite grandement la prononciation en chinois, puisqu’il est alors beaucoup plus facile de travailler dessus. Pourquoi y’en a-t-il si « peu » ? Tout simplement parce que toutes les finales (souvent les consonnes) ne vont pas avec toutes les initiales (généralement les voyelles). Par ailleurs, en plus d’avoir peu de syllabes, le chinois se compose de mots d’une ou deux syllabes en général, parfois plus. C’est justement pour ça, ou à cause de tout ça, qu’il y a plusieurs tons.

Pratiquer

Comme dit auparavant, il est important de pratiquer, de s’entraîner. Pour cela, plusieurs solutions s’offrent à vous.

Tout d’abord, vous pouvez écouter du mandarin et vous habituer à la musique de la langue. Écouter la radio, des chansons en chinois, des podcasts, regarder des films chinois vous aidera à vous habituer à cette nouvelle « mélodie ». Faites-le aussi souvent que possible pour que votre cerveau enregistre le plus tôt et le plus rapidement possible ces nouveaux sons.

Ensuite, entraînez-vous à parler. Répétez les sons à haute voix. Et quand vous aurez pris suffisamment confiance en vous, parlez avec un natif. Si ça peut vous aider, vous pouvez d’abord commencer avec de petits dialogues préparés, puis vous ouvrir de plus en plus sans tout préparer non plus. Cette étape se fera même naturellement.

Attention, cette étape est d’autant plus importante que si vous ne pratiquez pas et ne maîtrisez ni le pinyin, ni les tons, le sens des mots changent du tout au tout. Pour vous donner quelques exemples, il y a par exemple ci / xi / qi qui sont des sons très proches mais ne veulent absolument pas dire la même chose en fonction du ton et de leur pinyin. Un autre exemple auquel vous vous confronterez sûrement, c’est en allant dans un bar. Vous voudrez demander un verre (bēi zi) mais le barman aura compris que vous voulez une couverture car vous aurez demandé bèi zi. Même pinyin, mais pas le même ton, et deux significations différentes.

Apprendre les syllabes deux par deux

Vous verrez très vite que beaucoup de mots se composent de deux syllabes. L’idéal, une fois que vous maîtrisez chaque ton séparément, serait d’apprendre les syllabes deux par deux. Cela vous aidera à retenir beaucoup de mots car ils sont nombreux à n’avoir que deux syllabes.

Puis, quand vous vous sentirez suffisamment en confiance, apprenez-en plus. Ainsi, si vous souhaitez utiliser les classificateurs, vous habituerez votre cerveau à ne percevoir qu’un seul mot, même si c’est trois ou quatre caractères, donc trois ou quatre syllabes différentes.
Par exemple : 一个人    rén – qui peut à la fois dire « un homme, une personne » et « seul ».

S’inventer des histoires

Dans n’importe quelle langue, on vous conseillera d’associer une image complètement décalée au mot que vous souhaitez apprendre. C’est un moyen mnémotechnique pour mieux mémoriser du vocabulaire.

Dans la prononciation en chinois, pour retenir quel ton utiliser, vous pouvez vous aider d’une astuce toute simple et qui reprend l’idée d’une image décalée ou amusante pour mieux mémoriser : s’inventer une petite histoire. Par exemple, vous voulez dire « je vais au supermarché ». « Je » et « aller » sont des mots tellement courants que vous les connaissez par cœur. Par contre, « supermarché » vous pose problème car vous connaissez le pinyin mais oubliez tout le temps les tons. Vous pouvez alors vous imaginer que vous faites un dérapage dans un rayon du supermarché (chaaaaaaaaaaaao) et que vous vous arrêtez pile devant le produit que vous voulez (shi !). Chāo shì.

Une autre astuce de prononciation chinois : apprendre le caractère et le pinyin simultanément

En tant que débutant, vous vous dites peut-être que c’est mieux d’apprendre le pinyin avant le caractère. C’est peut-être plus facile, mais le mieux est en fait d’apprendre les deux ensemble. Pourquoi ? Parce que plusieurs caractères peuvent avoir le même pinyin et si vous commencez à écrire ou à communiquer avec un chinois, ce n’est pas en pinyin que vous allez correspondre mais avec les caractères. De plus, n’oubliez jamais que contrairement aux langues que l’on a l’habitude de parler (langues latines, allemand, anglais…), le chinois est d’abord une langue écrite. Pendant des siècles, les Chinois ont communiqué à l’écrit alors que l’oral était complètement différent. Par conséquent, savoir le caractère mais ne pas savoir bien le prononcer peut vous aider dans certaines situations.

Voici un exemple avec :

CaractèreTraduction
douzaine
choqué, peiné
répondre
atteindre, exprimer
ancien nom donné au peuple au Nord de la Chine
natte en bambou épais
allure d'un dragon volant

Il ne faut donc pas se tromper !

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Quelques erreurs à éviter

Beaucoup de débutants ont tendance à décomposer les mots, voire les syllabes elles-mêmes. Par exemple, tiān (ciel) va pouvoir se dissocier ainsi : t + aspiration + i + ène + 1er ton. Ce processus est assez compliqué et ressemble plus à une équation mathématique qu’autre chose. Alors, à moins que vous soyez un fan de maths, évitez de faire ça si vous voulez rester motivé. Plus vous compliquerez votre apprentissage, moins vous serez motivé pour continuer, et vous aurez ainsi plus de chance de vous arrêter assez tôt. Ne vous prenez pas la tête et apprenez ce pinyin tel quel.

En outre, les débutants réfléchissent souvent en terme de pinyin + ton. C’est tout à fait normal, vu notre façon d’écrire et de prononcer. Cependant, comme en français (et c’est là que vous avez l’avantage parce que vous y êtes déjà plus ou moins habitué), réfléchissez en terme de son plutôt. En français, « eau » se prononce « o ». En chinois, c’est la même chose : pinyin + ton = son ! Alors écoutez, écoutez, écoutez. C’est la meilleure façon d’apprendre la prononciation du chinois.

Une autre erreur à éviter est l’apprentissage d’un mot chinois avec la prononciation française. Par exemple, pour apprendre « bonjour » en chinois, entraînez-vous dès le début à bien prononcer le pinyin correspondant : ní hǎo. Et non « ni rao ». Et apprenez toutes les astuces que vous pouvez ! Par exemple, ici, vous avez appris qu’on disait nǐ, donc 3e ton. Toutefois, lorsque deux 3e tons se suivent, le premier devient un 2e ton. D’où ní hǎo et pas nǐ hǎo, ce qui est aussi beaucoup plus simple à prononcer.

Alors, ces conseils vous ont-ils aidé à y voir plus clair dans votre apprentissage du chinois ? Si vous appliquez d’autres astuces, partagez-les en commentaire. Nous serons ravis de les lire et cela pourra même aider d’autres apprenants. Bon apprentissage !